2. La dérivation par suffixes est le moyen le plus productif de formation de mots en français moderne. Les suffixes se trouvent toujous en postposition des bases lexicales: chanter + eur= chanteur, simple + ifier= simplifier. Les suffixes se divisent en nominaux, verbaux et adjectivaux en dépendance à quelle classe grammaticale appartiennent les mots nouvellement créés. La fonction principale des suffixes consiste à rendre possible le passage d’une classe grammaticale à une autre avec des conséquences sémantiques.(28)
Les plus productifs suffixes nominaux sont fournis par le latin et le grec. Le même suffixe englobe plusieurs sens et aide à former des noms à différentes significations: – tion forme des noms abstraits, désignant l’instrument, le lieu, le résultat de l’action.
Exploitation – action d’exploiter; bien exploité, lieu où se fait la mise en valeur de ce bien Procuration – écrit par lequel une personne donne pouvoir à une autre d’agir en son nom dans une circonstance déterminée Habitation – lieu où l’on habite Fondation – action de fonder; ouvrage destiné à assurer la stabilité d’une construction Ainsi on remarque l’existance des suffixes-homonymes, dont la contribution sémantique n’est pas la même pour tous les mots: pommier, poirier – qui porte des N; aventurier, caissier – qui a à faire avec N.(28) Les suffixes -ment, -age, -ance, -isme, -ude, -euse se soumettent à la même règle.
Les suffixes les plus répandus et les plus productifs formant des adjectifs sont:
-ique – appartenance à quelque branche scientifique, à une école, à une doctrine: historique, artistique. – al, – el – appartenance à n’importe qel objet: criminel, national. La suffixation des verbes n’est pas typique pour le français. Les plus répandus affixes verbaux sont: -iser, -ifier, -cir (glorifier, obscurcir, agoniser). Il existe plusieurs suffixes qui expriment des sentiments ou des jugements envers l’idée contenue dans la base lexicale: amour / amourette; vert / verdâtre; vin / vinasse; violoniste / violoneux; bricoleur / bricoleux. Ce sont les suffixes appréciatifs, qui à leur tour sont divisés en deux classes:
diminutifs et augmentatifs
laudatifs et péjoratifs
Les premiers rendent l’impression agréable ou désagréable associée à la dimension d’un objet, à l’intensité d’une action, d’une qualité: coutelas – effraie par sa grandeur, jardinet – joli petit jardin. Les seconds expriment le plaisir ou le déplaisir: jardin-et, tour-elle, vieill-ot, saut-iller, trot-iner; cri-ard, rust-aud, bad-aud, etc. Le suffixe est variable selon la catégorie obtenue: un suffixe adjectival entraînera une variabilité en genre et nombre, et un nom variera simplement en nombre; un suffixe d'adverbe (-ment / -ons) entraînera une invariabilité.Le suffixe est toujours collé au mot de base. Sur le plan syntaxique un suffixe change généralement la catégorie grammaticale, il sert même à cela, alors qu'un préfixe ne la change pas. La preuve qu'une désinence (pluriel, féminin, imparfait...) n'est pas un suffixe, c'est qu'elle sert à confirmer la catégorie grammaticale, et non à la changer.