Historique de la domestication et des méthodes d'élevage des lapins page
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Dans l'esprit des auteurs, le clapier a pour fonction de fournir les jeunes qui grandiront dans la garenne et
y deviendront "sauvages". Il est par exemple conseillé d'installer le clapier juste à côté de la garenne close (terrain
de 5 ou 6 arpents [2-3 hectares] clos de murs) et de ménager quelques petits passages entre le clapier et la
garenne pour que le lapereaux puissent librement aller et venir entre la garenne et le clapier, tandis que les
femelles trop grosses pour ces petits orifices sont confinées au clapier. En outre, les auteurs déconseillent
formellement de placer des lapins "de clapier" adultes dans la garenne elle-même, car ces animaux "endormis et
pesants" et peu accoutumés à ce milieu relativement hostile seraient rapidement victimes des animaux de proie
qui fréquentent les garennes [malgré la présence des murs].
Si à l'évidence les lapins de clapier doivent être nourris par l'homme, il est conseillé de veiller aussi à
l'alimentation de ceux de la garenne. Si la nature du lieu choisi pour implanter la garenne ne fournit pas
naturellement assez de fourrages, il est conseillé d'y implanter de nombreux arbustes, dont des genévriers et des
ronces ainsi que force liserons, choux, laitues, chicorées, chardons, navets, pois chiche et autres plantes
semblables. Si les lapins sont particulièrement nombreux dans la garenne, il est conseillé en outre de semer
chaque année dans cette garenne 1 ou 2 arpents d'avoine ou d'orge [entre ½ et 1 ha] qui serviront à la pâture des
animaux. Pour les lapins de clapier, l'alimentation apportée est constituée des mêmes plantes auxquelles on
ajoute de l'orge, de l'avoine, du son [de blé] et en Angleterre du foin de bonne qualité. O. de Serres, précise aussi
que des branches de saule ou des sarments de vigne peuvent aussi être donnés aux lapins en période hivernale.
A la lumière des connaissances du 21ème siècle, on peut souligner que cela constitue une bonne source de
fibres, de lignine en particulier, à une période de l'année où la plus forte proportion de céréales dans l'alimentation
des lapins, consécutive à la raréfaction des fourrages frais, rendait la ration moyenne plus (trop) pauvre en fibres.
Selon ces différents auteurs, une garenne bien gérée, disposant d'un clapier pour en assurer un
peuplement maximum, peut produire "de 80 à 100 douzaines de lapins par an". Comme ils conseillent par ailleurs
de mettre 4 douzaines de femelles pour peupler une garenne, cela donne une production (très) approximative de
20 à 25 lapins produits par an et par la lapine introduite. On a certes fait des progrès depuis cette époque avec 50
lapins produits par lapine et par an, mais pas autant que dans d'autres domaines comme la production laitière des
vaches ou la culture du blé dont la productivité a été multipliée par 10 alors que celles des lapins ne l'a été que par
2 à 3.