Points essentiels



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#5326

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MANŒUVRE DE SELLICK : LA CONTROVERSE

Points essentiels

La manœuvre de Sellick consiste en une compression antéro-postérieure de



l’anneau cricoïdien comprimant le haut œsophage contre la paroi antérieure

du rachis cervical.

Cette manœuvre empêcherait le reflux du contenu gastrique dans la trachée



lors d’une anesthésie et a été proposé par Sellick en 1961.

Il n’existe aucune étude randomisée prouvant son efficacité et celle-ci est



probablement très variable.

De nos jours, le risque d’inhalation est fortement réduit lors d’une induction



en séquence rapide, surtout en l’absence de facteur de risque d’inhalation.

Il est prouvé que la manœuvre de Sellick est susceptible de diminuer la vision



glottique et de majorer le taux d’intubation difficile.

La pression cricoïdienne doit donc être décidée en fonction d’une balance



bénéfice/risque entre le risque de désaturation et le risque d’inhalation.

1. Introduction

La manœuvre de Sellick consiste en une compression antéro-postérieur de

l’anneau cricoïdien. Le haut œsophage se retrouve alors écrasé entre la face posté-

rieure de l’anneau cricoïdien et la paroi antérieure du rachis cervical. Cette

manœuvre empêcherait le reflux du contenu gastrique dans la trachée lors d’une

Chapitre


40

Manœuvre de Sellick :

la controverse

F. A

DNET

Correspondance : Frédéric Adnet – Urgences – Samu 93 – Hôpital Avicenne – 93000 Bobigny, France.

2



LES IDÉES REÇUES EN MÉDECINE D’URGENCE

induction en séquence rapide. Elle a été proposé en 1961 par Sellick en mettant

en évidence l’interruption du produit de contraste lors de cette manœuvre au

cours d’un transit baryté chez un cadavre

(1)


. Cette manœuvre est devenue la

« pierre angulaire » de l’induction en séquence rapide pour permettre de dimi-

nuer la fréquence des inhalations bronchiques. Elle est devenu une manœuvre

largement acceptée comme un standard de la pratique d’une anesthésie d’ur-

gence. Bien que cette manœuvre est d’apparence simple, il est apparu quelques

controverses à propos de sa sécurité et de son efficacité

(2)

. Clairement, deux



opinions contradictoires ont émergé entre les praticiens qui considèrent que cela

doit rester une pratique courante et ceux qui demandent une véritable évaluation

en terme de bénéfices/risques. La pression cricoïdienne peut en effet diminuer la

visualisation de l’orifice glottique lors d’une laryngoscopie directe et entraÎner une

intubation difficile. De plus, aucune preuve avec une méthodologie forte (essai

randomisé) n’a pu confirmer son efficacité en terme de prévention de l’inhalation

bronchique

(3)


.

2. Morbidité de la manœuvre de Sellick

2.1. Régurgitation malgré la pression cricoïdienne

Quelques régurgitations, parfois avec une issue fatale, ont été décrites malgré

l’application de la manœuvre de Sellick

(4)


. Bien qu’il soit impossible d’affirmer

que ces accidents soient dus à une mauvaise application de la manœuvre de

Sellick ou à la manœuvre elle-même, l’efficacité de cette manœuvre a ainsi été

remise en question

(5)

.

2.2. Diminution de la visualisation glottique



L’application d’une pression cricoïdienne semble interférer avec la visualisation de

la glotte en diminuant le degré de visualisation. Dans un travail récent, 22 intuba-

tions n’ont pu être réalisées qu’après retrait de la manœuvre de Sellick. Ce retrait

améliorait la visualisation de la glotte dans 50 % des cas

(6)

. Cependant, dans ce



travail, deux retraits de la pression cricoïdienne furent associés à une régurgitation

qui n’existait pas lorsque la manœuvre était appliquée. D’autres études retrou-

vaient des résultats inverses avec en particulier un travail randomisé qui ne mettait

pas en évidence de différences dans le taux de succès de l’intubation ou le degré

de visualisation de la glotte

(7)


.

2.3. Prévention de l’inhalation bronchique

Brimacombe et coll., dans une métaanalyse consacrée à la manœuvre de Sellick,

ne trouvèrent aucune publication de haut niveau de preuves permettant de juger

de l’effet de la manœuvre de Sellick dans la prévention de l’inhalation. Par contre,

quelques papiers décrivaient des inhalations acides malgré une application de la

manœuvre de Sellick

(8)

. Dans une étude sur 22 volontaires sains par imagerie



IRM trouvèrent que l’œsophage était déplacé latéralement dans 90 % des cas et

3

MANŒUVRE DE SELLICK : LA CONTROVERSE

qu’il existait une compression des voies aériennes avec une fréquence de 81 %

(9)

. Moynihan et coll. trouvèrent que l’application d’une pression cricoïdienne



empêchait l’inflation d’air dans l’estomac jusqu’à une pression de 40 cm H

2

O



pendant la ventilation au masque

(10)


.

3. Efficacité de la manœuvre de Sellick

Sellick et d’autres auteurs, dans des travaux expérimentaux, trouvèrent que la

pression cricoïdienne empêchait le reflux de sérum physiologique dans l’œso-

phage jusqu’à une pression de l’ordre de 50 à 100 cm H

2

O

(11,12)



.

4. Discussion

Il n’y a pas de preuve formelle de l’efficacité clinique de la manœuvre de Sellick.

La littérature reste tout aussi pauvre quant à la morbidité de cette manœuvre

(13)


.

D’autre part, le risque d’inhalation per-intubation n’est plus comparable aujour-

d’hui avec la fréquence observée dans les années 1960. L’efficacité de la compres-

sion du cartilage cricoïde a probablement de multiples déterminants : force de

pression, position de la tête, relation anatomique entre larynx, œsophage et rachis

cervical, techniques de ventilation. Toutes ces variables sont difficilement contrô-

lables et reproductibles, laissant peu de chance à un essai contrôlé de conclure

rigoureusement. Il est probable que le profil de risque du patient peut déterminer

le choix d’appliquer ou non cette manœuvre avec un éventail allant du patient à

haut risque d’inhalation et avec un faible risque d’intubation/ventilation difficile

(par exemple un patient en occlusion sans facteurs d’intubation difficile) et, à

l’autre bout de l éventail, le patient à haut risque de désaturation et faible risque

d’inhalation (patient en détresse respiratoire isolée).

Cette manœuvre apparaît donc comme un geste qui devient non plus obligatoire

mais qui s’intègre dans un choix dépendant de facteurs liés à l’opérateur et aux

patients. En tout état de cause, la pression cricoïdienne doit être levée en cas de

difficulté à la première laryngoscopie.

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