Classification sémantique des lexies fondée sur le paraphrasage



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métaclasse sémantique
réunissant l’étiquette nominale de base et ses variantes
paraphrastiques dans les autres parties du discours. Par convention, nous écrivons
{É}
la métaclasse regroupant l’étiquette nominale É et ses variantes associées. Par
exemple, la métaclasse {sentiment} est, minimalement, le regroupement des
étiquettes suivantes : sentiment, éprouver un sentiment (V
0
), relatif
à un sentiment
(A
0
), en éprouvant un sentiment (Adv
0
),
individu qui éprouve un sentiment
(S
1
), qui éprouve un
sentiment
(A
1
), qui tend à éprouver un sentiment (Able
1
),
envers qui/quoi on tend à éprouver un sentiment
(Able
2
).
3.2. 
Hiérarchisation hyper-/hyponymique des étiquettes sémantiques
Les observations qui précèdent montrent que, contrairement à une approche de
type WordNet, le système des étiquettes sémantiques – qui est structuré
hiérarchiquement grâce à la relation d’hyper-/hyponymie – n’est aucunement la
réunion de plusieurs sous-hiérarchies, chacune étant associée à une partie du
discours profonde. Il est essentiel pour nous que les étiquettes de lexies comme
10


ADMIRER

ADMIRATION

ADMIRATIF

ADMIRABLE
, etc. soient toutes positionnées dans une
même aire du système des étiquettes sémantiques, parce que toutes ces lexies ont
une définition dont le genre prochain est structuré autour du même sémantème
‘admiration’. Les arguments psycholinguistiques avancés à l’origine du projet
WordNet pour justifier la compartimentalisation du lexique selon les parties du
discours profondes (Miller et coll. 1990) sont à notre avis non pertinents, au moins
pour une classification sémantique des lexies. Ils reposent sur des expérimentations
de nature tout à fait behavioriste, qui ne font rien de plus que confirmer le fait qu’un
locuteur aura plutôt tendance à faire une association immédiate entre un verbe et un
verbe, un nom et nom, etc. Cela n’indique aucunement une fragmentation
intrinsèquement grammaticale du lexique, puisqu’il s’agit tout simplement d’une
conséquence du fait que la relation lexicale fondamentale est la synonymie et que la
synonymie fonctionne à l’intérieur d’une même partie du discours.
La bonne approche, selon nous, est d’imposer qu’une étiquette sémantique
possède bien la même combinatoire grammaticale générale que les lexies qu’elle
classifie, mais de s’assurer en même temps que la structure du système de
classification sémantique permette de refléter la proximité directe de lexies qui
appartiennent à des parties du discours distinctes tout en étant en relation de
(quasi-)équivalence sur le plan sémantique. C’est ce « tour de magie » que la
structure complexe du système des étiquettes sémantiques présenté ici permet de
réaliser. C’est ce qui le rend, selon nous, à la fois tout à fait original et opératoire en
lexicologie, ainsi que dans tous les domaines d’application de cette discipline.
Il nous faut maintenant faire une mise au point par rapport à ce qui était
jusqu’à présent notre approche de la structuration formelle du système des étiquettes
sémantiques. Dans la pratique, même si ce sont les étiquettes elles-mêmes qui sont
subordonnées les unes aux autres par la relation d’hyper-/hyponymie, le système des
étiquettes sémantiques devrait être implémenté informatiquement non comme une
hiérarchie d’étiquettes (É), mais comme une hiérarchie de métaclasses sémantiques
({É}). Ce n’est pas ce qui a été effectué jusqu’à présent dans le travail sur le
DiCo/LAF – système implanté grâce à l’éditeur d’ontologies Protégé et présenté
dans Polguère (2003a) –, mais c’est l’approche que nous comptons adopter
dorénavant dans le cadre de l’élaboration d’une ressource lexicale de plus grande
envergure : le Réseau Lexical du Français (Lux-Pogodalla et Polguère à paraître).
Bien entendu, comme il avait déjà été signalé dès l’origine de l’élaboration du
système des étiquettes, la structure de ce dernier est et demeurera une hiérarchie non
strictement arborescente, qui modélise un système de classes sémantiques à héritage
multiple, du fait du phénomène d’ambivalence sémantique des lexies et de
l’existence d’étiquettes disjonctives (section 2.3, ci-dessus).

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