Defier Hollywood : la diplomatie culturelle et le cinema a l'ere Brejnev


partout dans le monde et en premier lieu en Europe. Ceci n’est en aucune



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partout dans le monde et en premier lieu en Europe. Ceci n’est en aucune 
façon une innovation de l’ère Brejnev comme on s’en doute
7
. La volonté 
de diffuser le modèle soviétique dans le monde par le biais du cinéma – un 
objectif à l’esprit des Soviétiques depuis au moins la fin de la guerre – se 
double d’une volonté de rendre l’industrie encore plus rentable – un reflet 
de la politique de libéralisation de Kossyguine
8
.
5. Pour l’étude du soft power américain au cinéma, voir notamment Kerry Segrave, American Films 
Abroad . Hollywood’s Domination of the World’s Movie Screens from the 1890’s to the Present, Jefferson (nc), 
McFarland, 1997.
6. Le seul ouvrage qui a tenté une approche comparative des deux soft powers est celui de 
David Caute, The Dancer Defects . The Struggle for Cultural Supremacy during the Cold War, Oxford, 
Oxford University Press, 2003. Pour une étude des années 1975-1985, voir notre ouvrage, Par-delà 
le Mur . La culture de guerre froide soviétique entre deux détentes, Paris, Complexe, 2009. Pour une pre-
mière synthèse comparative des cinémas de guerre froide, voir Tony Shaw et Denise J. Youngblood, 
Cinematic Cold War . The American and Soviet Struggle for Hearts and Minds, Lawrence, University Press 
of Kansas, 2010.
7. Pour les années 1920-1930, l’ouvrage de Denise Youngblood, Movies for the Masses . Popular 
Cinema and Soviet Society in the 1920s, New York, Cambridge University Press, 1993, p. 51-67.
8. Les observateurs étrangers sont alors bien conscients de cette influence : par exemple dans 
The Times du 1
er
mars 1967, p. 12, le texte de Kyril Tidmarsh « Change is coming slowly to Soviet 
cinema ».
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 14/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 95.214.211.104)


Andreï Kozovoï
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4 novembre 2011 - Revue internationales n° 147 - Revue internationales - 155 x 240 - page 62 / 120
4 novembre 2011 - Revue internationales n° 147 - Revue internationales - 155 x 240 - page 63 / 120
L’exemple qui illustre le mieux cet objectif de reconquête est Guerre 
et paix de Bondartchouk. Depuis longtemps, Hollywood puise dans la lit-
térature russe son inspiration : à la fin des années 1940, on compte ainsi 
pas moins de quatre adaptations d’Anna Karénine
9
. En 1956 sort Guerre et 
paix de King Vidor. Les Soviétiques décident alors de réagir, en mettant en 
avant, comme à leur habitude, une sollicitation venue « d’en bas » : les rap-
ports écrivent que Vidor « n’a réussi à recréer ni le génie artistique ni natio-
nal de l’œuvre de Tolstoï, ce qui a poussé le spectateur soviétique à émettre 
des critiques légitimes »
10
. Les astres sont favorables : le film de Vidor est 
également critiqué en Occident pour son manque d’envergure
11
.
Le film soviétique doit donc regagner du terrain face au cinéma amé-
ricain, mais il doit aussi riposter au film de Vidor : l’objectif de riposte, 
défensif et à caractère plus ponctuel, est l’autre versant de la diplomatie 
culturelle brejnévienne au cinéma. En effet, le Parti veut réhabiliter l’urss 
qui fait l’objet de deux formes d’attaques, plus ou moins frontales : d’une 
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