Andreï Kozovoï
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4 novembre 2011 - Revue internationales n° 147 - Revue internationales - 155 x 240 - page 62 / 120
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L’exemple qui illustre le mieux cet objectif de reconquête est
Guerre
et paix de Bondartchouk. Depuis longtemps, Hollywood puise dans la lit-
térature russe son inspiration : à la fin des années 1940, on compte ainsi
pas moins de quatre adaptations d’
Anna Karénine
9
. En 1956 sort
Guerre et
paix de King Vidor. Les Soviétiques décident alors de réagir, en mettant en
avant, comme à leur habitude, une sollicitation venue « d’en bas » : les rap-
ports écrivent que Vidor « n’a réussi à recréer ni le génie artistique ni natio-
nal de l’œuvre de Tolstoï, ce qui a poussé le spectateur soviétique à émettre
des critiques légitimes »
10
. Les astres sont favorables : le film de Vidor est
également critiqué en Occident pour son manque d’envergure
11
.
Le film soviétique doit donc regagner du terrain face au cinéma amé-
ricain, mais il doit aussi riposter au film de Vidor : l’objectif de riposte,
défensif et à caractère plus ponctuel, est l’autre versant de la diplomatie
culturelle brejnévienne au cinéma. En effet, le Parti veut réhabiliter l’urss
qui fait l’objet de deux formes d’attaques, plus ou moins frontales : d’une
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