Morphèmes, morphologieCombinaisons de morphèmes
La morphologie étudie comment différents morphèmes se combinent entre eux pour former des unités plus complexes qu'on appelera unités lexicales, parce qu'elle vérifient en général les critères associés aux morphèmes lexicaux (elles réfèrent à quelque chose et on peut en créer de nouvelles). On distingue habituellement au moins deux façons d'opérer des combinaisons : la composition et l'affixation. La composition fonctionne par simple concaténation (mise bout à bout) de morphèmes lexicaux. Elle est à l'oeuvre dans des exemples comme : bon + homme = bonhomme porte + manteau = portemanteau chou + fleur = chou-fleur On peut étendre ce mécanisme à certains groupes comme "pomme de terre" ou "laisser tomber". Ce qui justifie que ces derniers se comportent comme un seul morphème (sauf dans la phrase citée précédemment !), c'est que leur sens ne se réduit pas à une combinaison des sens des mots qui les composent, et qu'il est quasiment impossible dans un énoncé d'intercaler d'autres mots entre eux. L'affixation est un mécanisme plus complexe qui fait interagir des morphèmes lexicaux, sous la forme de "racines", et des morphèmes grammaticaux, les "affixes". Les affixes sont des morphèmes non autonomes, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent exister sans être rattachés à une racine. Ils sont eux-mêmes de deux types distincts : les affixes dérivationnels ont un contenu quasi-lexical : ce sont soit des préfixes comme "de", "re", etc. soit des suffixes comme "eur", "ement", etc. ; les affixes flexionnels sont ceux qui servent à exprimer les variations en genre et en nombre des noms et des adjectifs, et les conjugaisons des verbes. Ils se positionnent toujours en français après les affixes dérivationnels. La figure 4.1 montre comment fonctionne l'affixation en français, et l'illustre sur le mot "in-imit-able-s". Sur cette figure, les affixes sont mis entre parenthèses parce qu'ils sont facultatifs. Figure 4.1 : l'affixation en français Une même unité lexicale peut être construite à l'aide de plusieurs affixations successives. Les suffixes ont la particularité (que n'ont pas les préfixes) de pouvoir changer la catégorie grammaticale de la racine à laquelle ils s'associent, comme l'illustrent les exemples du tableau suivant :
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