Figure a:
Pièce de résection d’un ostéosarcome télangiectasique du tibia(102)
L’aspect microscopique : est dominé par l’hétérogénéité tumorale et par les
fréquents remaniements présents.
Figure b:
biopsie d’un ostéosarcome ostéoblastique de haut grade (102).
36
La démarche diagnostique du pathologiste est d’abord d’affirmer la malignité
de la tumeur, de reconnaitre l’ostéoformation par les cellules tumorales et enfin de
préciser la forme histologique (tableau2).
Tableau 2 : formes histologiques d’ostéosarcome (103)
-
Pièce de résection :
Son étude permet d’apprécier la taille et l’extension de la tumeur, de juger la
qualité de l’exérèse chirurgicale, d’évaluer la réponse à la chimiothérapie et de
rechercher une lésion préexistante.
v
Traitement :
Le traitement actuel de l’ostéosarcome est multidisciplinaire et impose une
prise en charge par une équipe spécialisée et apte à prendre en charge les
éventuelles complications est multidisciplinaire.
La combinaison chimiothérapie d’induction, chirurgie et chimiothérapie
adjuvante a transformé le pronostic de cette lésion auparavant gravissime (37).
o
Traitement chirurgical :
La chirurgie est en fonction de l’âge, du siège et du volume et rapports de la
tumeur.
37
L’orientation actuelle est la conservation pour les formes localisées,
cependant, il faut hiérarchiser les priorités du traitement : d’abord sauver la vie,
ensuite sauver le membre en faisant conserver une fonction acceptable.
Un bilan local doit être réalisé et si possible, avant la biopsie pour éviter que
l’imagerie ne soit perturbée par l’œdème postopératoire ou par un hématome. Deux
examens sont indispensables : la radiographie standard et l’IRM.
+Amputation du membre :
Avant 1970, l’amputation constituait le traitement exclusif de la majorité des
tumeurs osseuses malignes. Mais les dernières années ont vu le développement de
chirurgie conservatrice (38).
Les amputations ou désarticulations pratiquées pour le sarcome ostéogène
n’ont rien de particulier. Leur niveau est déterminé avec autant de rigueur que pour
le traitement conservateur, en se méfiant de l’envahissement des parties molles. La
section osseuse s’accompagne et d’un prélèvement de la moelle pour s’assurer
histologiquement que la section est faite en tissu sain.
+Conservation partielle du membre avec retournement :
Pour certaines tumeurs du fémur inférieur avec résection en bloc du genou, la
jambe restante est retournée de 180° et fixée au fémur diaphysaire restant, plaçant
donc la cheville en situation de genou. L’appareillage est ensuite celui d’une
amputation haute de jambe, avec un genou relativement mobile, ce qui donne de
meilleurs résultats fonctionnels que l’appareillage d’une amputation à mi-cuisse.
+Traitement conservateur :
C’est l’orientation actuelle du traitement local de l’ostéosarcome.
Une bonne fonction est obtenue par la chirurgie conservatrice dans environ
deux tiers des cas (BADHWAR 1998).
38
Les résultats de la chirurgie conservatrice montrent :
-
Pas de diminution de la survie,
-
Une augmentation des récidives locales,(FINN 1991)
-
Des complications postopératoires précoces dans 20 à 35%,
-
Des complications postopératoires tardives.
L’exérèse monobloc, pour être parfaitement carcinologique, doit enlever l’os
et les tissus mous pathologiques, en étant aussi radical qu’une amputation.
Le bilan d’extension locorégionale, souvent complété par une artériographie, a
permis de cerner les limites de la tumeur et de décider quel type de résection
entreprendre.
En pratique, soit la lésion a des limites d’extension évidentes et on peut, si
cela est utile pour conserver une épiphyse ou un cartilage de croissance, tenter une
résection limitée mais suffisante sur le plan carcinologique, soit les limites restent
plus floues, malgré l’apport de l’imagerie et dans ce cas une résection large
s’impose.
La chirurgie conservatrice est contre-indiquée dans les situations suivantes :
ü
enfant en bas âge
ü
atteinte nerveuse
ü
tumeur ouverte pendant l’intervention
ü
biopsie irréfléchie
ü
infection
ü
chirurgie large impossible, chirurgie conservatrice plus handicapante
que l’amputation.
ü
envahissement de la peau
39
Ainsi l’indication de l’amputation découle de ces contre-indications.
+Reconstruction :
Elle est variable selon l’importance de la résection et son siège diaphysaire ou
articulaire.
Le principe est de faire une reconstruction simple, permettant une
récupération fonctionnelle rapide et surtout évitant de retarder la reprise de la
chimiothérapie.
ü
En cas de résection diaphysaire, le comblement de la perte de substance
osseuse se fait soit par greffe autologue vascularisée ou non, soit par
allogreffe ; l’orientation récente étant l’association des deux.
ü
En cas de résection articulaire, la préférence va aux prothèses massives.
40
A : Ostéosarcome de l’extrémité supérieure de l’humérus, résection puis
reconstruction par prothèse d’épaule inversée manchonnée par allogreffe(132).
B : Reconstruction par allogreffe massive associée à une autogreffe prise sur le tibia
sous-jacent permettant une consolidation d’emblée puis un résultat fonctionnel et
mécanique parfait à cinq ans de recul (132).
41
o
La radiothérapie :
Contrairement à la chirurgie et la chimiothérapie, la radiothérapie(RTE) a peu
de place dans la prise en charge des ostéosarcomes, vu leur relative radiorésistance.
Avant l’introduction de la chimiothérapie dans les années 1970, la
radiothérapie faisait partie du traitement local afin d’éviter l’amputation. A cause
des particularités radio biologiques de l’ostéosarcome, les doses d’irradiation
nécessaires étaient élevées et pouvaient entrainer des complications trophiques
long terme.
Les indications de la radiothérapie sont actuellement peu nombreuses :
ü
Ostéosarcomes des os de la face (maxillaire et mandibule) : la RTE et/ou la
curiethérapie interstitielle pré- ou postopératoire permettent d’améliorer la
survie à long terme.
ü
Ostéosarcomes inopérables (bassin, rachis) ou rechutes locales : la RTE
peut être proposée en cas de rechute locale isolée. Pour les ostéosarcomes
inopérables, il s’agit le plus souvent de traitements palliatifs, avec un
bénéfice observé chez 40 à 50% des patients (39).
En raison de la radiorésistance de ces lésions, d’autres techniques ont pu être
évaluées, certaines utilisant des neutrons, des ions lourds ou encore la radiothérapie
préopératoire ou la radiothérapie conventionnelle avec des radio-sensibilisants, avec
des résultats intéressant mais pouvant entrainer des séquelles trophiques parfois
importantes (40,41). La proton-thérapie peut être proposée pour certaines
localisations (42).
Afin de diminuer le risque de rechute métastatique pulmonaire, une irradiation
des poumons à des doses entre 15 et 20 Gy peut être proposée.
42
o
La chimiothérapie :
Ø
Les drogues efficaces :
a)
En monothérapie :
L’observation du taux de réponses objectives en monothérapie des lésions
mesurables (métastases et tumeurs primitives) a permis de déterminer les drogues
les plus efficaces. Il s’agit du méthotrexate à haute dose, de l’adriamycine, de
l’ifosfamide, du cisplatine et à moindre degré, de l’étoposide, de la bléomycine, du
cyclophosphamide et de la dactinomycine.
b)
En polychimiothérapie :
L’absence d’amélioration du taux de survie en rémission par monothérapie a
incité tous les auteurs à utiliser les polychimiothérapies associant les drogues les
plus actives.
Ø
modalités d’introduction dans les schémas thérapeutiques :
a)
la chimiothérapie néoadjuvante :
Rosen dans ses plaidoyers pour la chimiothérapie préopératoire (43,44)
avançait quatre arguments principaux : faciliter la chirurgie conservatrice, traiter
plus tôt la maladie générale, déterminer la dose optimale e méthotrexate par
observation clinique et radiologique de la tumeur, et fournir un critère histologique
de réponse à la chimiothérapie préopératoire pour améliorer le pronostic des
mauvais répondeurs.
La chimiothérapie préopétoire facilite la chirurgie conservatrice en permettant,
quand elle est efficace, de réduire la masse des parties molles et
l’hypervascularisation régionale. Les travaux de l’équipe de l’unité ‘oncologie
pédiatrique et de l’adulte jeune à l’hôpital Avicenne à Bobigny, l’étude de l’institut
Rizzoli et celle du groupe Allemand COSS, ont montré le risque plus élevé de
récidive locale lorsque la chirurgie conservatrice est réalisée sans chimiothérapie
préopératoire efficace.
43
b)
La chimiothérapie adjuvante :
Les associations essayées sont multiples, mais celles qui recueillent
actuellement le plus de partisans, sont celles utilisant le métothrexate haute dose, le
cisplatine, l’adryamicine et le holoxan (45).
Les données de la littérature montrent que les protocoles associant une
chimiothérapie néoadjuvante et adjuvante ont une efficacité supérieure aux
protocoles de chimiothérapie adjuvante seule.
v
Evolution :
L’évolution spontanée s’effectue d’abord localement.
La dissémination métastatique survient aussi rapidement, et la voie
hématogène constitue le mode principal de dissémination avec prédilection au
niveau du poumon, parfois d’autres localisations osseuses ou au niveau pleural. Les
métastases ganglionnaires sont inhabituelles, observées entre 1 et 10% selon les
séries.
v
Pronostic :
Le pronostic doit être considéré sur le plan local puis général.
Le pronostic général est régi par deux paramètres essentiels :
-
la réponse à la chimiothérapie établie sur la pièce de résection
-
la présence initiale ou la survenue de métastases ; leur découverte fait
passer le pronostic de 70% à seulement 30% (46). Mais l’introduction de
polychimiothérapie et de la chirurgie thoracique, a amélioré nettement
le pronostic des ostéosarcomes à métastases pulmonaires.
La taille de la tumeur représente un facteur pronostique important : dans la
série Mac Kenna (avant l’ère des chimiothérapies), le taux de survie à 5ans est de :
+ 40% lorsque la tumeur mesure moins de 5cm.
+ 17% si son diamètre est entre 5 et 10cm.
+ 4% si elle est comprise entre 10 et 15cm.
44
+ 0% si la tumeur mesure plus de 15cm.
Grâce à l’emploi de chimiothérapies efficaces, la taille ne constitue plus un
facteur pronostique majeur.
Le siège de la tumeur reste un facteur pronostique majeur parce que les
localisations axiales sont souvent chondroblastiques et de traitement local difficile.
Dans la série de Mac Kenna la survie à 5ans des ostéosarcomes centraux ne
dépassait pas 5%. Dans la majorité des séries, l’espérance de survie après
désarticulation de la hanche pour un ostéosarcome du fémur inférieur était entre 15
et 25% alors qu’elle atteignait 25 à 40% après amputation de la cuisse pour sarcome
du tibia supérieur, et qu’elle dépassait 50% pour les tumeurs plus distales.
Un certain nombre de formes histologiques sont reconnues comme étant de
meilleur pronostic : les sarcomes juxta corticaux, les sarcomes centromédullaires
fibroblastiques de faible grade e malignité. Cependant l’existence d’un fort
contingent chondroblastique ou de nature hétérogène de la tumeur représentent des
facteurs de pronostic péjoratifs.
L’ostéosarcome constitue l’exemple type d’une prise en charge
multidisciplinaire (tableau 3) (103).
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