Le plan antithétique s’applique le plus naturellement dans le cas où l’objectif argumentatif de l’élève est de fonder un désaccord prononcé avec la thèse prônée dans l’énoncé de départ . En choisissant un plan antithétique, l’élève rend d’abord visible – par la structure
binaire du développement – la différence entre son propre point de vue et celui de l’auteur de l’énoncé :
ceux-ci sont en effet « répartis » en deux blocs textuels bien distincts
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. Ensuite, la progression de ce type de
plan favorise l’expression d’un désaccord marqué. La dissertation progresse en effet, on l’a vu, en deux
temps : d’abord une concession faite au point de vue de l’auteur de l’énoncé, auquel succède une réfutation
de ce premier point de vue au profit d’un second point de vue que l’élève cherche à imposer. La dynamique
argumentative du plan antithétique suggère immanquablement que le second point de vue présenté dans
le texte « l’emporte » sur le premier – quand bien même celui-ci repose sur des raisons que l’on a pris soin
d’exposer au préalable.
On ajoutera que
le plan antithétique s’applique aussi, quoiqu’un peu moins naturellement, dans le cas d’un accord prononcé avec la thèse prônée dans l’énoncé de départ .
Si l’élève adhère
fortement au point de vue de l’auteur de l’énoncé qui lui est soumis, il justifiera ce point de vue et tentera
de le faire triompher dans la deuxième partie du développement. Dans la première partie – et c’est là où
réside la difficulté –, l’élève devra en revanche commencer par faire exister un point de vue qui risque de lui
paraître moins accessible : non seulement il n’y adhère pas, mais en plus ledit point de vue ne bénéficie pas
déjà d’une formulation au sein de l’énoncé de départ. Ce cas de figure implique donc, chez l’élève, une
capacité à faire surgir comme « de nulle part » le point de vue qui va ouvrir le développement et qui va être
réfuté dans la seconde partie. C’est la raison pour laquelle le plan antithétique s’utilise plus aisément
lorsque l’élève peut d’abord considérer un point de vue
déjà au bénéfice d’une formulation aboutie pour
ensuite s’en distancier dans la seconde partie de la dissertation.
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On ne retrouve pas une telle répartition binaire à l’échelle du développement dans le plan dit « à controverse constante » (voir
infra, 2.2).
Chapitre 6. Elaborer le plan de la dissertation
Apports théoriques
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Quel que soit le cas de figure envisagé, le plan antithétique recèle une