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СHAPITRE I. La vie et l'oeuvre de Diderot



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TOMA. Raxmatova Ziyoda. Raxmatova Ziyoda

СHAPITRE I.
La vie et l'oeuvre de Diderot
Si l’on appliquait au meilleur historien une critique sévère, y en a-t-il aucun qui la soutînt comme toi ? Sous ce point de vue j’oserai dire que souvent l’histoire est un mauvais roman, et que le roman, comme tu l’as fait, est une bonne histoire. Ô peintre de la nature ! c’est toi qui ne mens jamais.
Cette théorie trouve son application dans Le Neveu de Rameau à travers le portrait du Neveu. Son extrême bizarrerie – il est présenté comme « l’un des plus bizarres personnages de ce pays où Dieu n’en a pas laissé manquer » – ne l’empêche pas d’appartenir à une catégorie universelle, qui est celle des « originaux » ou encore celle des « espèces ». Au-delà de ce personnage historiquement et géographiquement situé, c’est la peinture de l’homme dans toute sa vérité que vise Diderot.
Mais Le Neveu de Rameau n’est pas seulement l’héritier de principes anciens, progressivement mis en place par Diderot théoricien, il ouvre aussi une voie nouvelle dans sa carrière romanesque en annonçant Jacques le fataliste. Dans La Religieuse, toute l’action convergeait vers le dénouement, que le lecteur ne peut, selon l’auteur, qu’appeler de ses vœux tant ce roman l’afflige, contrairement à Jacques qui le fait rire et dont l’action est ouverte. Cette ouverture se trouve déjà dans Le Neveu de Rameau qui, bien que régi par la règle des trois unités, est placé dès le départ, comme l’a brillamment démontré Jean Starobinski, sous le signe de la variabilité. L’élément moteur du dialogue est annoncé dans l’incipit : il s’agit pour le Philosophe de « suivre la première idée sage ou folle qui se présente ». En miroir, le Neveu déclarera : « Je dis les choses comme elles me viennent ». De fait, la conversation ne progressera pas autrement que par association d’idées, quand ce n’est pas par coq-à-l’âne , jusqu’à ce que le hasard d’une circonstance, à savoir la cloche de l’Opéra qui annonce le début du spectacle de l’après-midi, l’interrompe. Quoi de plus ouvert que cette fin tournée vers l’avenir du Neveu, toujours égal à lui-même – « Que j’aie ce malheur-là seulement encore une quarantaine d’années. Rira bien qui rira le dernier » –, si ce n’est celle de Jacques le Fataliste, qui ira jusqu’à se ramifier en plusieurs possibles ?

Le principe moteur de la conversation entre MOI et LUI, qui rebondit d’une idée à l’autre, voire d’un mot à l’autre (« patrie », « amis », « état », par exemple ) pour en détourner le sens, est révélateur, suivant Jacques Chouillet , d’une tension intérieure, chez l’un comme chez l’autre. Le Philosophe, qui tient pour une morale du bonheur, est bien forcé de reconnaître qu’il existe des scélérats heureux et des honnêtes gens qui ne le sont pas. Le Neveu est amoral mais il lui arrive de sortir de son cynisme : « Je vous trouve de temps en temps vacillant dans vos principes », lui dit son interlocuteur. Tous deux en viennent même parfois à se rejoindre sur certains points, comme l’idée – avancée par LUI – que « tout a son vrai loyer dans ce monde » et qu’il faut s’y résigner : « MOI - Vous avez raison ». C’est que l’unité de caractère, chère à Diderot, n’est pas possible dans un monde où la théorie et la pratique ne vont pas de concert. Le Neveu de Rameau marque donc une rupture dans l’œuvre de Diderot en ébranlant le principe d’unité, qui apparaît peu viable dans une société qui divise à ce point l’individu. Il sonne aussi le glas du rêve diderotien de communion entre l’art et la morale, hérité de Richardson : non seulement le beau peut n’être pas un, mais il n’est pas forcément associé au bon, comme on peut le voir dans l’histoire du renégat d’Avignon, qui se révèle sublime dans le mal.


Jacques Chouillet va plus loin, en affirmant que Le Neveu de Rameau signe l’abandon par Diderot du roman en tant que genre, après celui du drame, au profit de la discussion critique, fondée sur la confrontation perpétuelle des points de vue.
Ce qui disparaît, au-delà de 1761, c’est une certaine conception du pathétique (ou du romanesque), fondée : 1° sur l’idée d’un consentement illusoire entre l’auteur et le public ; 2° sur la foi en une identité foncière des personnages, en une réalité du drame (ou du roman), en un sérieux du pathétique (ou du merveilleux). À la tirade, considérée comme l’expression objective d’un sentiment supposé sincère, se substitue la discussion, fondée sur l’inanité des croyances. On demande : Où est Lui ? Où est Moi ? Ils sont dans cette négation réciproque et dans cet effort commun de réfutation, entrepris au nom d’une vérité, dont on continue à supposer l’existence idéale .
Parvenus à ce point, sommes-nous en mesure de répondre à la question posée dans le titre de cet article ? Peut-on qualifier Le Neveu de Rameau de roman non-romanesque ? Oui, évidemment, si l’on entend par là un roman écrit par Diderot en réaction au romanesque en vogue au xviiie siècle, mais bien plus encore si on considère le fait qu’avec Le Neveu de Rameau l’écrivain renonce aux principes esthétiques par lesquels il espérait créer, sur le modèle richardsonien, un roman fondé sur les couples indissociables de l’émotion et la vertu, de la vérité et l’unité. L’ère de la scission est venue, au plan formel comme au niveau des idées. Au démon de la présence qui traduisait selon Roger Kempf le rejet du romanesque chez Diderot s’est substitué le démon de la critique, qui relie intrinsèquement roman et philosophie. Comme l’a récemment fait ressortir Pierre Chartier lors d’une conférence sur Jacques le Fataliste [, l’écriture chez Diderot jaillit de la rencontre, conformément à sa conception épicurienne du monde : c’est à partir de l’étincelle qu’elle provoque que naît en même temps le roman et la philosophie, l’un n’allant pas sans l’autre. J’oserai, pour finir, une hypothèse à la manière de Diderot : et si, à la limite, la question du lien entre roman et philosophie, dans l’univers diderotien, ne se posait plus car, pour lui, à partir d’un certain moment, le roman est nécessairement philosophie?


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