2.1.Analyse de l'oeuvre "Le neveu de Rameau"
Le Neveu de Rameau de Denis Diderot . Elle y traite de notions philosophiques et morales et se penche plus particulièrement sur la vision matérialiste de ce grand penseur du siècle des Lumières.
Suite au résumé complet de l’œuvre, appréhendé par thèmes, notre spécialiste étudie les personnages du neveu (LUI) et du philosophe (MOI), qu’on peut considérer comme les deux pôles d’une même unité. Son attention se porte ensuite sur des clés de lecture originales : le genre de l’œuvre – entre satire et dialogue, genre très en vogue au XVIIIe siècle –, la vision matérialiste de Diderot et enfin l’ironie de ce dernier, qui prend de multiples formes. Pour conclure, la fiche de cours délivre une série de pistes de réflexion pour aider les lecteurs dans leur étude plus approfondie de l’œuvre.
Ayant pour sujet Le Neveu de Rameau de Denis Diderot, la fiche de cours fait le point sur l’ensemble des spécificités de ce célèbre roman satirique. Elle apporte, en plus des explications générales sur la vie de l’auteur et sur sa démarche littéraire et philosophique, un compte-rendu des thèmes chers à Diderot dans un résumé détaillé du dialogue entre le neveu et le philosophe, avant d’en étudier les deux personnages. Bien entendu, l’analyse littéraire comprend des clés de lecture et des pistes de réflexion pour garantir une bonne compréhension du roman.
Cette ressource est une référence incontournable pour réviser les épreuves du bac de français et de philosophie.
À propos du livre Le Neveu de Rameau ou Satire seconde
Le Neveu de Rameau, ou La Satire seconde, est un dialogue écrit par Denis Diderot, sans doute entre les années 1762 et 1773. Cette oeuvre est traduite en allemand par Goethe en 1805, puis retraduite en français en 1821 par Brière, mais elle n’est véritablement connue qu’en 1891, grâce à la découverte du manuscrit original par le bibliothécaire Georges Monval. Dans Le Neveu de Rameau, Denis Diderot manifeste l'écart qui existe entre la réflexion philosophique et la réalité quotidienne.
Le Neveu de Rameau se présente en effet comme un dialogue entre « Moi », le narrateur, qui est philosophe, et « Lui », Jean-François Rameau, qui est le neveu du célèbre compositeur Jean-Philippe Rameau. Du côté du philosophe, il y a les idées, et du côté du neveu de Rameau, qui est un parasite cynique et bohème, il y a la vie réelle, pleine de contingences. Les deux personnages discutent des problèmes de leur temps : l’éducation, la place de l’homme de génie, le statut et la morale de l’écrivain dans un monde frelaté, etc. Entre « Lui » et « Moi », qui tiennent les positions extrêmes, on peut lire la voix propre de Diderot ; et le lecteur, lui aussi, est invité à se situer dans cet écart.
A propos d'anamorphose, génératrice d'images déformées, écoutons ce que dit Jean Cazeneuve: «L'anamorphisme, aux XVI et XVII siècles, fut pris alternativement dans des courants de pensée scientifiques et bizarres. Ce jeu savant aboutit, en fait, à la recherche de bizarreries, et par là rejoint une certaine virtuosité à laquelle Baudelaire reconnaissait quelque valeur esthétique (...). Toutes les images équivoques émanent d'une même ten- dance à jouer avec les formes». Cette formidable anamorphose, où cohabitent polypes, araignées, manchots et petits rubans du Père Castel toujours cette passion des correspondances, des liens, des analogies chez Diderot, devrait transcrire l'aspect de la totalité de la matière vivante, que le bon fonction- nement de tous les sens et le mécanisme correct de tout notre raisonnement ne suffiront jamais à appréhender.
Pour ce qui est de l'état de d'Alembert, cet état médian où il ne dispose ni de toutes ses facultés cognitives, ni surtout de toute sa mémoire, il doit tant imaginer, il lui permet de créer, de penser créativement en étant autre. Or comme les idées trop claires ne sont pas toujours les meilleures, com- me les découvertes ne se font pas dans la clarté mais dans les nuages, comme elles ne se font pas à partir du sens commun, souvent mauvais conseiller, voyez Helvétius, mais à partir de la déraison, il faut des interprètes! Ce sont Mlle de Lespi- nasse et Bordeu et Diderot, qui essaient de leur mieux de comprendre pour nous et d'exprimer en un langage emblémati- que plus ou moins compréhensible les réalités du rêve..
L'ceuvre suivante où Diderot réussira à transcrire la ma- térialité du monde sensible, les lois qui la régissent, sera franchement symbolique en dépit de toutes ses références réalistes, matérielles, concrètes nous avons nommé Jacques le Fataliste.
Notre intention, au départ, était de montrer, qu'au cours de la période la plus féconde sur le plan littéraire, notam- ment entre 1763 et 1773-74, Diderot réussit réellement à faire voir, en une toile de fond arachnéenne, les problèmes esthéti- ques majeurs au coeur des textes qui les créent et qui les abolissent. Avec un regard en arrière, nous avons parlé de l'allégorie, image de transition, de substitution sommaire, ap- plicable à toute réalité physique, puis de la figuration, la pan- tomine reproduisant toute réalité objectivable, ensuite du rêve, des fantasmes, représentant toute réalité imaginable, enfin du symbolisme de Jacques le Fataliste, représentant toute réalité concevable." Mais entre la réalité imaginable et la réalité concevable il faut retenir qu'il y a réalité comme dénominateur commun et que Diderot s'en est toujours in- quiété. Ne savons-nous pas, qu'en dépit de cette épithète de symbolique, Jacques le Fataliste est indéfectiblement ancré dans tous les problèmes philosophiques, économiques, sociaux et autres de cette fin de siècle déjà considérablement aguerrie!"
Et en conclusion, nous aimerions dire que l'illustration de cette progression dans la transcription de la réalité, témoigne aussi de l'extrême rigueur, de l'extrême adéquation entre les problèmes posés et les instruments que Diderot emploie pour les analyser. Voir le rayonnement, l'impact de la pensée scien- tifique, c'est étudier chez le philosophe ce refus obstiné d'obéir à toute autre loi qu'aux lois naturelles avec tout ce que ce terme implique d'ambigu et d'imprécis.