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Une théorie générale sur l'écriture et l'histoire de "Le neveu de Rameau"



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TOMA. Raxmatova Ziyoda. Raxmatova Ziyoda

1.1.Une théorie générale sur l'écriture et l'histoire de "Le neveu de Rameau"
Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, à la fois romancier, dramaturge, conteur, essayiste, dialoguiste, critique d'art, critique littéraire et traducteur.
Diderot est reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste et son maître, invente la critique à travers ses Salons et supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se démarque en proposant plus de matière à un raisonnement autonome du lecteur plutôt qu'un système complet, fermé et rigide.
Mal connu de ses contemporains, tenu éloigné des polémiques de son temps, peu enclin à la vie des salons et mal reçu par la Révolution, Diderot devra attendre la fin du xixe siècle pour recevoir tout l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs. Certains de ses textes sont restés inédits jusqu'au xxie siècle et l'édition moderne de ses œuvres complètes entamée par l'éditeur parisien Hermann en 1975 n'est pas encore achevée.
Ses parents mariés en 1712 eurent six enfants dont seulement quatre atteignirent l'âge adulte. Son père Didier Diderot (1685-1759), maître coutelier, était réputé pour ses instruments chirurgicaux, scalpels et lancettes notamment. Son grand-père Denis Diderot (1654-1726), coutelier et fils de coutelier, s'était marié en 1679 à Nicole Beligné (1655-1692), de la célèbre maison de coutellerie Beligné. Sa mère Angélique Vigneron (1677-1748) était la fille d'un maître tanneur.
Diderot était l'aîné de cette fratrie dont chaque membre tint un rôle important dans la vie de l'écrivain. Angélique (1720-1749), ursuline, mourut jeune (et folle) au couvent et inspira en partie La Religieuse; Didier-Pierre (1722-1787) embrassera la carrière ecclésiastique et sera chanoine de la cathédrale de Langres. Les relations entre les deux frères seront toujours conflictuelles, au-delà même du décès de Denis. Denise (1715-1797), enfin, également restée au pays, sera le lien permanent et discret entre Diderot et sa région natale. De 1723 à 1728, Denis suit les cours du collège jésuite, proche de sa maison natale. À douze ans (1725), ses parents envisagent pour lui la prêtrise et, le 22 août 1726, il reçoit la tonsure de l'évêque de Langres et prend le titre d'abbé dont il a la tenue. Il doit succéder à son oncle chanoine à Langres, mais sa mort prématurée sans testament ne peut faire bénéficier son neveu de sa prébende. À mes maîtres en Diderot, ici cités. Une telle question peut doublement surprendre, d’abord parce que l’attribution du terme de roman au Neveu de Rameau ne va pas de soi. La critique est assez divisée sur ce point. Plusieurs commentateurs comme Jean Fabre, suivant l’appellation donnée à cette œuvre par Diderot lui-même, invitent à y voir surtout une satire, au sens antique de « pot-pourri de libres propos » . Jacques Chouillet est très sensible à sa qualité de dialogue dramatique, tandis qu’Henri Coulet souligne plutôt son appartenance au genre du dialogue philosophique . Et dans l’édition Laffont des œuvres de Diderot, Laurent Versini le range dans le volume de Contes. Roger Lewinter, exploitant le contexte musical du Neveu, va même jusqu’en en faire une espèce de fugue .
Il est permis aussi de se demander comment, en toute logique, on pourrait dénier à un objet ce qui en fait précisément le caractère. Autrement dit, comment un roman pourrait-il ne pas présenter les caractéristiques propres au genre romanesque? Cette apparente contradiction s’explique si on prend en compte la mauvaise réputation du roman au siècle des Lumières. Synonyme d’exagération, d’extravagance, d’invrai-semblance, bref de fausseté, le roman ne pouvait trouver grâce aux yeux de Diderot qui voudrait – la formule est bien connue – « qu’on trouvât un autre nom pour les ouvrages de Richardson », qu’il admire. Du rapport de Diderot au romanesque on ne retient souvent que sa remise en cause des artifices romanesques dans Jacques le Fataliste, qu’on assimile volontiers à un anti-roman. Mais la position de Diderot sur le genre romanesque est plus complexe qu’il n’y paraît et surtout elle ne s’est pas forgée en un seul temps. Si dans son Jacques il lance à propos des aventures extraordinaires qu’il aurait pu prêter à son héros blessé la fameuse exclamation « cela aurait pué le Cleveland à infecter », dans l’Éloge de Richardson sa conception du roman qui relie pathétique et morale n’était pas au fond si éloignée de celle de Prévost. Pour y voir clair dans la réflexion de Diderot sur le roman, il faut tenir compte de plusieurs facteurs, au premier rang desquels les conditions d’énonciation. La théorie romanesque de Diderot a d’abord été dissociée de l’écriture romanesque. Au début de sa carrière, c’est dans ses recherches philosophiques qu’elle se situe, la Lettre sur les aveugles en 1749, la Lettre sur les sourds et muets en 1751 et De l’interprétation de la nature en 1753-1754, plutôt que dans ses premiers romans, Les Bijoux indiscrets (1748) et La Religieuse (1760), où elle n’intervient que de manière indirecte. C’est donc en philosophe qu’il parle, en intégrant le roman dans une réflexion générale sur l’homme et la nature. Et quand en 1762 il publie l’Éloge de Richardson, il se place du point de vue du lecteur de roman, au lieu de s’exprimer en romancier, ce qui le conduit à privilégier les conséquences psychologiques et morales du genre. Plus tard, en revanche, il énoncera ses théories sur le roman à travers ses œuvres romanesques, dans la postface des Deux amis de Bourbonne (1770), où il pose les principes de l’illusion romanesque, dans le préambule de Ceci n’est pas un conte (1773), où il s’intéresse à la réception du récit de fiction, et, à partir de 1765, au cœur même de Jacques le Fataliste, dans lequel il s’interroge sur la capacité du romancier à représenter le réel et celle du lecteur à le reconnaître. Ces intrusions de l’auteur, à caractère métatextuel, induisent une approche expérimentale de la réflexion sur le roman et obligent le lecteur à un véritable travail critique.
De ces particularités énonciatives résultent des particularités théoriques, qui traduisent une évolution dans la pensée de Diderot du « réalisme illusionniste », comme dit Henri Coulet, au « réalisme critique ». Si, en effet, dans l’Éloge de Richardson, il en appelle à la vérité contre les « événements chimériques et frivoles » qui caractérisent le roman de son temps, en tablant sur les effets de réel pour provoquer l’émotion, il n’aura de cesse ensuite de déconstruire la trame romanesque et de décrédibiliser la matière romanesque en incitant le lecteur à s’interroger sur le mensonge romanesque, afin de lui permettre d’accéder à la vérité. Il ne s’agit plus alors pour lui de faire vrai mais, en quelque sorte, de prêcher le faux pour que l’on sache le vrai. Alors que dans La Religieuse il se démarquait du romanesque en multipliant à l’instar de Richardson les détails qui font vrai, dans Jacques le Fataliste il se moquera du romanesque en usant des topoï des romanciers de son temps pour mieux s’en détacher aussitôt. La critique du romanesque passera dans l’œuvre par le biais de la scène imaginée mais non réalisée. Les exemples en sont nombreux. C’est, au début, l’évocation de l’éventuel cocufiage du maître et de l’embarquement de Jacques pour les îles ; c’est, plus tard, l’allusion au brigandage dont les deux voyageurs auraient pu être victimes ; c’est encore ce récit des rencontres potentielles entre les différents personnages :
La volonté de Diderot de dénoncer le mensonge romanesque l’emporte désormais sur le désir de créer l’illusion du vrai à des fins pathétiques et par là morales. La question du rapport du Neveu de Rameau au romanesque ne saurait par conséquent être abordée et encore moins élucidée en dehors du contexte historique et du cadre théorique dans lesquels elle s’inscrit. La compréhension du projet de l’auteur nécessite une lecture synchronique, qui replace le Neveu de Rameau dans l’époque où il a été conçu, c’est-à-dire dans les années 1760, parallèlement à La Religieuse et à l’Éloge de Richardson. L’examen de la correspondance de Diderot avec Sophie Volland et sa sœur, au cours de la même période, peut également s’avérer utile au cours de cette enquête. On observe en effet, dans Le Neveu de Rameau, l’application de principes esthétiques énoncés ou mis en pratique au même moment, dans d’autres œuvres, tels que l’exigence d’unité ou la supériorité de la vérité romanesque sur la vérité historique.
Ce principe a été ensuite largement repris en 1758 dans le Discours sur la poésie dramatique, notamment dans la section X consacrée au plan d’une pièce de théâtre, où Diderot aborde la question du « vernis romanesque » qu’on reproche à certaines d’entre elles :
Un ouvrage sera romanesque, si le merveilleux naît de la simultanéité des événements ; si l’on y voit les dieux ou les hommes trop méchants, ou trop bons ; si les choses et les caractères y diffèrent trop de ce que l’expérience ou l’histoire nous les montre ; et surtout si l’enchaînement des événements y est tro extraordinaire et trop compliqué .
Une action simple est donc indispensable à l’œuvre théâtrale pour lui permettre d’échapper au romanesque. Cette règle, Diderot l’applique en 1760 à l’œuvre romanesque dans La Religieuse, où il lutte contre l’effet de dispersion propre au roman, notamment par l’usage qu’il fait de la monodie épistolaire : « tout l’intérêt est rassemblé sur le personnage qui parle», écrit-il à Meister. A son tour, Le Neveu de Rameau accordera à l’unité une place importante. Elle apparaît même, thématisée, au sein du dialogue, dans la bouche du Neveu : « On crache sur un petit filou, mais on ne peut refuser une sorte de considération à un grand criminel : son courage vous étonne, son atrocité vous fait frémir. On prise en tout l’unité de caractère ».
À considérer Le Neveu de Rameau uniquement sous l’angle des propos échangés par le Philosophe et le Neveu, le lecteur risque fort de perdre de vue l’action romanesque qui le sous-tend. Or Le Neveu de Rameau, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre et d’une rencontre qui se produit à un moment précis de l’existence des deux personnages. Le Philosophe, dans lequel plusieurs allusions biographiques nous invitent à reconnaître Diderot , vient d’essuyer l’affront de la comédie de Palissot, où il n’est « pas épargné là plus qu’un autre », au dire même de son interlocuteur. De son côté, le Neveu est encore sous le coup de son éviction de la maison du financier Bertin, auquel il a déplu. Ce resserrement temporel apparaît bien dans les paroles de LUI, qui confie à MOI : «Que voulez-vous? c’est un malheur ; un mauvais moment ; comme il y en a dans la vie. Point de félicité continue ; j’étais trop bien, cela ne pouvait durer»
On retrouve ainsi, dans Le Neveu de Rameau, outre les unités d’action, de temps et de lieu, la valorisation de la vérité romanesque que Diderot avait mise en avant dans l’Éloge de Richardson. On a vu plus haut que la théorie romanesque de Diderot se greffait au départ sur sa théorie de la connaissance. En l’occurrence, s’agissant de la supériorité de la vérité romanesque, il distinguait dans l’Éloge trois étages de connaissance. Au sommet, suivant Jacques Chouillet, il place le modèle idéal de l’homme, principe immuable de vérité. Au-dessous se situe la vérité romanesque, copie authentique du modèle idéal car elle s’étend à l’ensemble des temps et des lieux. Et au bas de l’échelle, on trouve la vérité de l’histoire, qui n’est que la copie d’une copie : contrairement à la vérité romanesque, forme essentielle de la vérité, elle n’en fait apparaître, comme dans le mythe platonicien de la caverne, que des formes accidentelles :
Mais Le Neveu de Rameau n’est pas seulement l’héritier de principes anciens, progressivement mis en place par Diderot théoricien, il ouvre aussi une voie nouvelle dans sa carrière romanesque en annonçant Jacques le fataliste. Dans La Religieuse, toute l’action convergeait vers le dénouement, que le lecteur ne peut, selon l’auteur, qu’appeler de ses vœux tant ce roman l’afflige, contrairement à Jacques qui le fait rire et dont l’action est ouverte.
Le principe moteur de la conversation entre MOI et LUI, qui rebondit d’une idée à l’autre, voire d’un mot à l’autre (« patrie », « amis », « état », par exemple ) pour en détourner le sens, est révélateur, suivant Jacques Chouillet, d’une tension intérieure, chez l’un comme chez l’autre. Le Philosophe, qui tient pour une morale du bonheur, est bien forcé de reconnaître qu’il existe des scélérats heureux et des honnêtes gens qui ne le sont pas. C’est que l’unité de caractère, chère à Diderot, n’est pas possible dans un monde où la théorie et la pratique ne vont pas de concert. Le Neveu de Rameau marque donc une rupture dans l’œuvre de Diderot en ébranlant le principe d’unité, qui apparaît peu viable dans une société qui divise à ce point l’individu. Il sonne aussi le glas du rêve diderotien de communion entre l’art et la morale, hérité de Richardson : non seulement le beau peut n’être pas un, mais il n’est pas forcément associé au bon, comme on peut le voir dans l’histoire du renégat d’Avignon, qui se révèle sublime dans le mal.
Jacques Chouillet va plus loin, en affirmant que Le Neveu de Rameau signe l’abandon par Diderot du roman en tant que genre, après celui du drame, au profit de la discussion critique, fondée sur la confrontation perpétuelle des points de vue.

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