Defier Hollywood : la diplomatie culturelle et le cinema a l'ere Brejnev


particulièrement actif de la diplomatie culturelle à l’époque de



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particulièrement actif de la diplomatie culturelle à l’époque de The Party, le 
cinéma. À en juger par deux films soviétiques qui bornent notre période 
– la première partie de Guerre et paix en 1965 et celle des deux derniers 
films de l’épopée militaire Libération en 1971, deux longs métrages à gros 
budget sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir, cette diplomatie 
culturelle donne l’apparence d’un âge d’or, sans commune mesure avec la 
période précédente. Le tout dans un contexte qui rime avec guerre froide 
à l’extérieur et « réaction conservatrice » à l’intérieur.
En effet, l’affrontement « par procuration » avec les États-Unis prend 
au cours de ces années des proportions inédites, surtout au Vietnam. Pour 
autant, les relations soviéto-américaines ne sont pas complètement gelées 
comme en témoigne la rencontre au sommet de juin 1967 entre le Premier 
ministre soviétique Alexeï Kossyguine et le président américain Lyndon 
Johnson. Surtout, la guerre froide apparaît multidimensionnelle avec la 
simultanéité de conflits et de contacts, qui prennent l’apparence d’une 
détente avec la France ou l’Italie
3
. Détente apparente, car la « lutte des 
classes » est toujours d’actualité : idée centrale au XXIV
e
congrès du pcus 
en mars-avril 1971, elle donne naissance en novembre à la résolution « Sur 
le renforcement de la lutte idéologique sur l’arène internationale ».
Contexte de conservatisme en urss même : en 1965, après les années 
de « dégel » (relatif) sous Khrouchtchev, s’amorce la « réaction conserva-
trice ». La liberté d’expression connaît un tour de vis marqué avec la lutte 
contre la dissidence sous toutes ses formes
4
. Le contexte est aussi à la réha-
bilitation partielle de Staline alors que la célébration de la victoire dans 
la « Grande Guerre patriotique » fait son retour en force. Après 1968 et 
l’invasion de la Tchécoslovaquie, l’atmosphère dans le pays devient par-
ticulièrement pesante. Ainsi, en janvier 1969 est publiée la résolution du 
3. Pour la France, voir l’ouvrage de Marie-Pierre Rey, La Tentative du rapprochement . France et 
urss
 à l’heure de la détente, 1964-1974 (Paris, Publications de la Sorbonne, 1995). L’exemple le plus 
connu de la coopération soviéto-italienne au cours de l’ère Brejnev est illustré par la ville de Togliatti 
(anciennement Stavropol, renommée en l’honneur du premier secrétaire du Parti communiste italien), 
destinée à partir de 1964 à devenir la « Detroit soviétique », avec l’aide de Fiat.
4. Pour la répression des dissidents, voir l’ouvrage de Cécile Vaissié, Pour notre liberté et la vôtre
Paris, Robert Laffont, 1999. Pour la répression des Juifs, Pauline Peretz, Le Combat pour les Juifs sovié- 
tiques, Paris, Armand Colin, 2006.
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 14/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 95.214.211.104)


4 novembre 2011 - Revue internationales n° 147 - Revue internationales - 155 x 240 - page 60 / 120
Défier Hollywood : la diplomatie culturelle et le cinéma à l’ère Brejnev
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4 novembre 2011 - Revue internationales n° 147 - Revue internationales - 155 x 240 - page 61 / 120
comité central du pcus « Sur le renforcement de la responsabilité des diri-
geants des organes de presse et radio, télévision et cinéma, des institutions 
de la culture et des arts quant au niveau idéologico-politique des matériaux 
et du répertoire publié » (sic !). En même temps, ce raidissement n’est pas 
évident au départ, et surtout dans la sphère économique, dont participe 
largement l’industrie cinématographique : en témoigne la réforme écono-
mique initiée en 1965 par Kossyguine, qui cherche à injecter des éléments 
d’économie de marché dans la planification.
Cet article étudie donc les liens complexes de ce double contexte sur 
la diplomatie culturelle soviétique, la manière dont le régime soviétique a 
rivalisé avec Hollywood, compris au sens d’industrie cinématographique 
américaine offensive et conquérante, en particulier en Europe
5
. Cet article 
touche donc aux liens entre cinéma et guerre froide, ainsi que, globa- 
lement, à la question du soft power soviétique, encore trop peu abordés par 
les historiens, notamment en ce qui concerne la période brejnévienne
6

Trois points seront abordés successivement : de manière classique, nous 
étudierons les objectifs et les moyens de la diplomatie culturelle au cinéma 
sous Brejnev avant d’envisager ses résultats ; un troisième point fera une 
étude de cas des coproductions.
OBJECTIFS ET MOYENS DU DÉFI
Deux objectifs, liés en pratique, peuvent être distingués au sein de 
la diplomatie culturelle cinématographique de Moscou. Le premier est 
offensif et permanent : il s’agit de regagner le terrain face aux États-Unis, 
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