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Défier Hollywood : la diplomatie culturelle et le cinéma à l’ère Brejnev
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du film soviétique qui connaît « l’enfer du développement »
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: si le projet
naît en 1956, le tournage proprement dit ne commence que le 7 septembre
1962. En tout, les quatre « séries » de
Guerre et paix auront nécessité plus
de quatre ans de tournage, ce qui en fait un film hors norme sur tous les
plans
28
. Finalement, l’ennemi
principal, les États-Unis, demeure inattei-
gnable. L’argent, le « nerf de la guerre », est d’ailleurs souvent en cause. À
Berlin-Ouest, acheter ou louer un cinéma est ruineux : cette condition est
pourtant nécessaire si l’on veut aller chasser sur les terres des Américains
qui, eux, disposent de quatre cinémas privés, à Berlin-Ouest, Hambourg,
Munich et Francfort
29
.
Le XX
e
festival de Cannes en 1967 reflète bien ce bilan mitigé : d’un
côté,
la projection de Guerre et paix est un triomphe. La salle est com-
ble pour la séance de la matinée. Lors de la conférence de presse qui
suit, plus de 200 journalistes sont présents. Les Soviétiques développent
leurs réseaux : ils entrent notamment en contact avec le célèbre produc-
teur italien Angelo Rizzoli (célèbre pour
La Dolce Vita et
8½ de Fellini).
D’un autre côté, les journalistes s’intéressent moins à
Guerre et paix qu’à
Andreï Tarkovski, un réalisateur qui passe pour un dissident : ils veulent
savoir pourquoi
Andreï Roublev n’est pas présenté au festival. Réponse offi-
cielle : parce qu’Andreï Tarkovski continue d’y
travailler et que le film
n’est pas encore achevé. Un mensonge de plus qui n’aide pas la diplomatie
culturelle soviétique, car, en réalité,
Andreï Roublev, terminé en 1966, est
alors interdit en urss
30
. Certainement, les Soviétiques sont conscients de
ces difficultés : dans une posture de justification classique, ils se disculpent
en accusant le festival de Cannes de ne plus être qu’un vulgaire « marché
du cinéma », tout bon à appâter le chaland par des « films érotiques ». Il est
donc logique que le cinéma soviétique n’y trouve pas sa place
31
.
Le bilan pour le deuxième objectif apparaît encore plus mitigé. Tout
d’abord en ce qui concerne les documentaires sortis en 1965 :
Grande
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