Le polemiste Dès La Henriade en 1723, toute l’œuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et l'intolérance.
Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser les classes fortunées européennes. Il utilise l'ironie pour susciter l’indignation. Les ennemis de Voltaire avaient tout à craindre de son persiflage. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve l’ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu’ironique.
A propos du travail des timurides
L’évolution de l’image de Timour et des Timourides dans l’historiographie safavide du XVIe au XVIIIe siècle L’époque des Timourides en Asie centrale et en Iran oriental a été marquée par l’existence d’une société « duelle », irano-musulmane d’un côté et turco-mongole de l’autre. Les Timourides, dynastie d’origine turco-mongole de l’Asie centrale, ont régné sur le monde iranien et turc oriental du début du XVe au début du XVIe siècle. À Samarcande, à Shiraz, à Hérat, les souverains timourides et leurs élites militaires, les émirs, en contact quotidien avec la culture locale de très longue tradition urbaine, s’« iranisent » et s’urbanisent assez vite, mais tout en gardant des spécificités de leurs origines. Parmi celles-ci, la langue au quotidien – le bilinguisme turc-chaghatay et persan des élites est la norme –, les particularités de la juridiction gengiskhanide, qui pouvait être parfois en contradiction avec la loi musulmane (la shari‘a), certains modes de vie et normes sociales caractéristiques de sociétés où le souvenir de la vie guerrière nomade est encore très vivant, par exemple l’usage rituel du vin, la position des femmes, le développement sans pareil des jardins-résidences, etc. Mais les émirs timourides s’attachent aussi fortement à la vie urbaine par la constitution de patrimoines fonciers et immobiliers. Ils s’identifient à la culture de l’Iran oriental par l’éducation au goût littéraire persan, ainsi que par l’apprentissage de la tradition poétique, historiographique et artistique, et en particulier de celle de Hérat où existait une longue tradition locale.
D’autre part, les Safavides (r. 1501-1722) qui, à partir de 1510, prendront possession d’importantes portions de l’ancien empire timouride dans le Khorassan (Iran oriental et Afghanistan occidental), dont Hérat, sont eux-mêmes originaires d’Ardabil en Azerbaïdjan. La famille des cheikhs safavides est selon toute vraisemblance de lointaine origine kurde-iranienne, mais vers 1500 elle est « turcisée » depuis plus de deux siècles. Les cheikhs vivent en milieu urbain, mais plutôt turcophone ; eux-mêmes parlent l’azéri. Par plusieurs mariages contractés dans la seconde moitié du XVe siècle, ils deviennent étroitement apparentés à la lignée régnante de la confédération des tribus turkmènes Aq Qoyunlu, au pouvoir en Azerbaïdjan et en Iran occidental, qu’ils finiront par éliminer.
Mais, avant tout, les cheikhs safavides sont entourés de leurs disciples guerriers, appelés les qezelbâsh, presque tous d’origine turkmène anatolienne et azerbaïdjanaise. Ces partisans militants des Safavides constituent un mélange de tribus issues des anciens Oghuzz avec des Turcs ou des Turco-Mongols restés dans la région après les invasions de Gengis Khan et de Timour. Ils ont donc aussi des origines centre-asiatiques et vieilles-turques, mais moins récentes que celles des Chaghataïdes, des Timourides et de leurs clients. Il faut garder en mémoire le fait que les qezelbâsh sont au XVe et même au XVIe siècle encore superficiellement islamisés, et qu’ils professent souvent des croyances et pratiques peu orthodoxes, proches de leurs anciennes coutumes centre-asiatiques. Et, à l’autre bout du monde turco-iranien, les éléments turco-mongols de la société de l’empire timouride conservaient – non pas toujours de façon consciente, bien au contraire – des traditions et usages issus de leur passé steppique.
Ainsi, leur lointaine origine centre-asiatique semble être le lien culturel entre Safavides et Timourides. À ce jour, plusieurs chercheurs ont signalé l’existence de liens socio-culturels qui semblent unir les Safavides et leurs partisans turkmènes qezelbâsh à l’Asie centrale1. Ce premier point de rencontre dans un passé steppique est suivi d’un second, au début du XVIe siècle, qui fut une sorte de choc culturel pour les Safavides et leurs partisans qezelbâsh : c’est la conquête safavide de l’Iran oriental, et particulièrement de Hérat. À travers cette conquête, très rapidement, bien que non sans heurts, les Safavides et surtout leurs élites politiques (à majorité qezelbâsh) et administratives (en majorité issues des milieux urbains iraniens) en viennent à apprécier et à admirer le raffinement de la culture « duelle » et la tradition politique irano-timouride, portée à son apogée à Hérat. Et Hérat, les Timourides en général et, plus tard, Timour lui-même en particulier, trouveront une place très singulière dans la tradition safavide.