1.2 LES FIGURES D’AMPLIFICATION, D’OPPOSITION ET D’INSISTANCE Les figures d’amplification, d’opposition et d’insistance sont aussi des figures de style importantes. Les figures d’amplification modifient le sens des mots en les rendant plus forts, plus évocateurs. Ce sont: l’hyperbole, l’anaphore, la gradation, la répétition, l’accumulation et la paronomase.
L’HYPERBOLE
Elle amplifie les termes d’un énoncé afin de mettre en valeur un objet ou une idée. Elle procède donc de l’exagération et de l’emphase. On la trouve souvent dans des textes épiques.
Exemple: Dans des ruisseaux de sang Troie.
Ardente plongée. (Jean Racine) L’image hyperbolique donne une dimension épique aux horreurs de la guerre.
L’ANAPHORE
Procédé d’amplification rythmique. Elle consiste à reprendre plusieurs fois le même mot en tête de vers successifs ou de phrases. Exemple: Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri. (Louis Aragon). L’anaphore amplifie dans ces vers sentiment tragique de l’amour déchiré.
LA GRADATION
Elle ordonne les termes d’un énoncé selon une progression croissante ou décroissante. Ainsi, de son nez que Cyrano décrit en ces termes: C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap. Qui dis-je c’est un cap, c’est une péninsule. (Edmond Rostand)
LA RÉPÉTITION
On répète plusieurs fois le même mot. Exemple : Oh! Cèdres du Liban, cèdres de nos délires,/ Cèdres de notre extase et de notre fierté. (Charles Corm). À lire : Les effets de répétition.
L’ACCUMULATION
On fait succéder plusieurs termes soit pour approfondir la pensée, soit pour l’enrichir ou l’agrandir. Exemple Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances. (Guy de Maupassant, Bel-Ami). À lire : Les effets d’accumulation.
LA PARONOMASE
Elle consiste à employer dans le même segment des termes (deux au moins) de sens différents et de parenté phonique, de manière à créer un effet assez saisissant. Exemple: Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux. (Paul Valéry) Entre pâles et perle, on a plus le sentiment de l’identité que celui de la différence, ce qui aboutit à y ressortir une sotre de répétition.
Les figures d’opposition regroupent, dans un même énoncé, des idées contraires. Le rapprochement de ces idées dans la même phrase va participer au sens créé en insistant sur l’opposition, en rapprochant les contraires ou en simulant la confusion des sentiments.
Antithèse: Exemples :
– “Je vis, je meurs, je me brûle et je me noie” (louise Labé).
-“Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux” (la Pasionaria)
Remarquez : Au niveau des deux exemples, les termes soulignés sont opposés (Vivre et mourir sont des antonymes)
Réunir deux mots opposés au niveau de la même phrase (ou du même groupe syntaxique) relève d’une antithèse.
Conceptualisation :
On appelle antithèse la figure de style qui consiste à une présenter des idées contraires ou des termes opposés par le sens au niveau du même groupe syntaxique (phrase, paragraphe, strophe…)
L’antithèse insiste sur le contraste qui existe entre deux notions/ deux termes. Cette figure de style met en valeur la relation antithétique entre deux éléments en vue de présenter une situation particulière ou une vérité générale.
Antiphrase: Exemple : “Quel temps magnifique !“ (Pour dire qu’il ne fait pas beau)
Remarquez : Dans cet exemple, l’opposition réside dans le rapport entre le sens et ce qui est dit. Comment? Dans cette phrase, le locuteur sous-entend qu’il pleut et que cela l’agace. Pour transmettre ce sens, il choisit de dire le contraire de ce qu’il pense. Et cela donnerait un effet ironique et la portée stylistique est plus mise en avant.
L’antiphrase est une figure de style par laquelle on laisse entendre le contraire de ce que l’on veut vraiment dire ou écrire. Elle consiste à employer un mot ou une proposition dans un sens contraire à son vrai sens.
Oxymore:
Exemples:
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles enfin avec le flux nous fait voir trente voiles » le Cid/acte IV, scène 3
« Cette petite grande âme venait de s’envoler » Victor Hugo dans les Misérables.
L’oxymore est une figure de style qui consiste à unir dans un même groupe deux mots dont le sens est contradictoire.
Cette association inattendue provoque l’étonnement et met en évidence une réalité paradoxale.
Généralement, l’oxymore est constitué d’un nom et d’un adjectif, d’un nom et d’un complément du nom ou encore d’un verbe et d’un adverbe.
L’oxymore consiste à réunir deux termes de sens contraires à l’intérieur d’un même syntagme.
Le chiasme:
Exemples:
“Des cadavres dessous et dessus des fantômes.” (Hugo).
Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus.” – Corneille, Le Cid. “J’aime mieux un vice commode / Qu’une fatigante vertu.” – Molière, Amphitryon.
Une figure d’insistance est une figure de style qui sert à mettre l’accent sur un ou des éléments (caractéristique d’un personnage, émotion, thème, etc.) d’un texte pour en démontrer l’importance.
La répétition
La répétition consiste à utiliser plusieurs fois les mêmes termes pour mettre en valeur une idée dans un même énoncé.
Exemples: « La terre était grise, le blé était gris, le ciel était gris. » (Giono)
La redondance
La redondance permet une forme d’insistance grâce à une accumulation de plusieurs synonymes dans le même énoncé. Exemples : « Les gens étaient fatigués, éreintés, épuisés…
« Le soir était noir, sombre, obscur… »
Le pléonasme
Le pléonasme consiste à répéter des termes et des expressions ayant le même sens afin de créer un effet d’insistance. Cette figure ne s’effectue pas nécessairement avec des synonymes, contrairement à la redondance. Dans un contexte non littéraire, il pourrait être perçu comme étant une erreur syntaxique, une erreur de langage.
Exemples: « Mais plus personne plus personne
Ne se servira de mon cœur à moi
Ni de ta voix à toi qui résonne
Dans mon oreille et mon corps à moi. » (Claude Roy)
« Monter en haut. »
« Descendre en bas. »
« Voire même. »
L’anaphore
L’anaphore est une figure de répétition qui consiste à répéter un même terme ou une même expression au début d’un vers, d’une phrase ou d’une proposition. On insiste donc sur une idée. Elle fonctionne donc avec la répétition.
Exemples :
(Corneille)
« Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu’ il me fasse à longs traits goûter son amertume ;
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. »
(Paul Éluard)
« Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli. »
Parallélisme
Un parallélisme est un procédé de répétition et de construction qui consiste en la reprise d’éléments symétriques au sein d’un énoncé. Le parallélisme peut être sonore, prosodique ou métrique => même structure syntaxique.
Exemple: « Innocents dans un bagne, anges dans un enfer. » (Hugo)