La table du repas s'entend depuis la fin du Moyen Âge comme l'ensemble de ce « dessus de table » souvent simple planche, et de son piétement qui lui est indispensable (tréteaux en bois de fabrication sommaire ou richement ornés). « Mettre ou dresser la table » est une expression à prendre au sens littéral et l'installation auprès des meubles lourds (coffre, armoire) disparaît le repas terminé car l'usage des pièces est indifférencié1.
Les jours de banquets au Moyen Âge, la table d'honneur (le deis) constituée d'une simple planche de bois sur tréteaux , dressée sur une estrade (en usage du XIIe au XVIe siècle), se tenait au fond de la grande salle d'apparat du château (aula) : les convives se répartissaient dos à la cheminée, pouvant ainsi admirer la vaissellerie exposée sur le dressoir et assister aux divertissements (opérette de bouffons, jongleurs, ménestrels). Cette disposition facilitait aussi le service des plats à table qui se faisait par devant. Une nappe, brodée ou damassée, couvrait le plateau de la table2. Dans les intérieurs paysans, sont dressées des tables roulantes ou coulantes3 sur lesquelles sont encore rares les couverts4.
La Renaissance fait naître un véritable meuble, « la table occidentale », destiné à remplacer le plateau « volant » et ses tréteaux par la voie de la sédentarisation plus forte des occupants dans leur lieu d'habitation car les meubles précédents sont mobiles (étymologie du mot « meuble ») et déplacés au cours des voyages. À cette table fixe sont associées des sièges (bancs à dossier, puis à baldaquins ou podiums pour orner la pièce)5.
À l'apparition de la salle à manger au XVIIIe siècle, le mobilier devient plus important mais la table reste démontable pour que la salle à manger puisse redevenir une galerie. Dans les milieux les plus modestes apparaissent paradoxalement les tables d’ébénisterie. Avec la production en masse industrielle, elle s'uniformise au XXe siècle6.