l’une des spécificités de la dissertation est « l’examen de positions, de discours, d’argumentations non prises en charge » par l’auteur. Cette exigence relative au positionnement est, elle aussi, déterminante
sur le plan didactique : elle participe d’une
capacité au décentrement que la dissertation permet de
cultiver chez l’élève.
2.4. L’auteur Qui argumente, dans une dissertation ? A un niveau factuel, la question peut paraître oiseuse, et la
réponse triviale : c’est l’élève à qui on a demandé d’effectuer le travail. Or on observe que l’élève éprouve
souvent beaucoup de difficulté à
se penser en tant qu’auteur ,
d’une manière qui soit adéquate aux
normes du genre. Il n’est donc pas inutile de s’interroger sur
le statut particulier du « je » au sein d’une dissertation . A ce titre, on peut commencer par signaler deux écueils qui seront sans doute
familiers à bon nombre d’enseignants-correcteurs. Dans le premier cas, l’élève qui argumente se pense
uniquement comme une
personne particulière. La dissertation consistera dès lors à « donner son avis » sur la
thèse véhiculée par l’énoncé qui lui est soumis. Les arguments et les exemples avancés à des fins de
justification se situeront en général exclusivement dans le registre du
vécu personnel. Sans forcément s’en
rendre compte, l’élève s’appuiera uniquement sur ses propres valeurs, croyances et expériences de vie
(« Moi, je pense que... »). La capacité à se situer par rapport à d’autres positions sera en conséquence faible.
Bien que fréquent, cet écueil de
personnalisation excessive ne doit pas faire oublier le problème
inverse : la