Chapitre 2. Quels énoncés soumettre aux élèves ?
Apports théoriques
19
a. Le thème de l’énoncé et le propos tenu par son énonciateur devraient entrer en résonance avec l’univers
cognitif de l’élève, et notamment avec des situations auxquelles il est plus ou moins directement et
consciemment confronté.
C’est certainement un truisme, mais qui demande à être rappelé d’emblée. Il s’agit en effet de faire
prendre conscience aux élèves qu’ils ont
déjà
des compétences qui leur permettent d’entrer dans l’exercice
de l’argumentation (et de la dissertation en particulier), et que ces compétences leur permettent
précisément de saisir le sens de l’énoncé – compréhension qui ne se base pas uniquement sur une
compétence linguistique, lexicale, mais également sur des savoirs encyclopédiques et pratiques, ou encore
sur une connaissance de soi-même.
Ce principe demande alors d’user avec précaution d’un ensemble de sujets que l’on rencontre
fréquemment dans les méthodes d’enseignement de la dissertation : ceux qui ouvrent un débat sur l’art en
général ou la littérature en particulier.
« L’Art, ce Christ des temps modernes. » (L. Aragon)
« L’art n’est sûrement qu’une vision plus directe de la réalité. » (H. Bergson)
On comprend bien entendu ce qui motive la présence de tels sujets dans ces méthodes, et cela dès les
premiers exercices proposés aux élèves : en tant qu’enseignants de français, amoureux de la littérature et de
la fiction, nous désirons que nos élèves soient tous sensibles aux multiples facettes de l’art ; les sujets dits
« esthétiques » paraissent même offrir cette possibilité d’amorcer des débats d’idées, tout en ne perdant pas
de vue les problématiques de poétique ou d’histoire littéraire que l’on aborde par ailleurs en classe.
Cependant, un élève débutant (et même un élève en année terminale...) n’a qu’une vague appréciation de
ce que peut être l’art, de ses fonctions, de ses caractéristiques, etc. – et il ne s’agit pas uniquement d’un
défaut de savoir encyclopédique (que des cours d’histoire littéraire ou d’histoire de l’art peuvent avoir pour
fonction de combler). L’art est une
pratique sociale
– qu’on le produise ou qu’on le reçoive –, et engager une
réflexion sur cette pratique, comme pour toute pratique, ne peut se faire que si celle-ci est quelque peu
familière et qu’elle a déjà
Dostları ilə paylaş: