+Arguments négatifs : absence de marqueurs tissulaires (desmine, antigènes
leucocytaires, protéine S100), l’absence de différenciation neurale.
+Arguments positifs : aspect morphologique typique en microscopie
électronique, avec en cytogénétique un réarrangement du chromosome 22 et en
immunohistochimie une positivité CD99(Mic2). (Figure d)
Figure c: sarcome d’Ewing montrant une prolifération diffuse de petites cellules (102)
Figure d: démonstration immunohistochimique du CD99. (102
58
v
Biologie :
Il n’y a pas de marqueurs spécifiques, il existe parfois une hyperleucocytose et
une élévation vitesse de sédimentation.
On peut constater une élévation des lactodeshydrogénases qui constitue un
facteur pronostique (62,67).
v
Bilan d’extension :
Le meilleur examen pour évaluer l’extension local est l’IRM.
Le bilan d’extension à distance doit comporter systématiquement :
+Une scintigraphie osseuse au technétium à la recherche de métastases
osseuses.
+Des radiographies standards de face et de profil ainsi qu’une
tomodensitométrie thoracique, à la recherche de métastases pulmonaires (68, 52).
+une recherche d’extension à la moelle hématopoeitique, par biopsie au
trocart et ponctions médullaires multiples (69, 70).
v
Traitement :
La prise en charge thérapeutique des sarcomes d’Ewing bénéficie actuellement
de l’association de nouveaux traitements. Les protocoles associent des séquences
de chimiothérapie, une exérèse chirurgicale la plus carcinologique possible, et
éventuellement une radiothérapie et une chimiothérapie postopératoires.
o
La chirurgie :
Elle est redevenue le traitement local de référence grâce au progrès de la
chimiothérapie (71,72).
Les publications ont montré une amélioration du pronostic grâce au recours à
la chirurgie conservatrice, tout en répondant aux impératifs de la chirurgie
59
carcinologique, dans le traitement local par rapport à la radiothérapie seule (72 ,73,
74, 75, 76,77 ,78,79,80) .
+ Amputation :
Actuellement, il est admis que la chirurgie doit être conservatrice, tout en
répondant aux impératifs de la chirurgie carcinologique, car le pronostic est plus
général que local.
Les très rares indications d’amputation concernent certaines localisations des
extrémités distales et les tumeurs des très jeunes enfants (pour certains auteurs).
Les tumeurs impossibles à réséquer du fait des séquelles fonctionnelles
prévisibles ou pour des raisons carcinologiques sont généralement des indications
d’irradiation (81).
+ Résection- reconstruction :
La qualité de la résection chirurgicale des tumeurs d’Ewing est un facteur
pronostique essentiel. La chirurgie doit réséquer en bloc la tumeur et le trajet de
biopsie potentiellement contaminé. Cette chirurgie doit respecter les règles
applicables à toute chirurgie des sarcomes interdisant toute effraction de la tumeur
et imposant une résection avec une marge de sécurité par un chirurgien
expérimenté dans la chirurgie des sarcomes.
Si la règle reste une résection monobloc sans effraction de la tumeur,
l’amélioration des procédés d’imagerie (IRM, angio-IRM) permet de réaliser des
gestes moins mutilants (préservation des épiphyses et des zones de croissance avec
reconstruction par auto et allogreffe osseuses).
Les qualités techniques des prothèses se sont aussi améliorées et la mise au
point de prothèses de croissance dans les années 1980 a permis d’envisager des
60
traitements conservateurs chez de jeunes enfants pour qui l’amputation était la
seule alternative jusqu’alors. Les nouveaux procédés de reconstruction osseuse
faisant appel aux substituts et aux substances ostéo-inductrices ne sont pas encore
utilisés couramment en chirurgie tumorale mais sont en cours d’évaluation.
Toutefois, et malgré l’optimisme actuel, le suivi à long terme de ces
traitements conservateurs et parfois décevant et la fréquence de leurs complications
(infections, descellement, fracture) amène à relativiser ces progrès thérapeutiques.
La question de la qualité de vie a été posée par plusieurs études et il n’apparaît pas
certain qu’elle soit toujours meilleure chez les patients ayant bénéficié d’un
traitement conservateur.
Après résection tumorale, une reconstruction osseuse est nécessaire dans
près de 80% des cas, et de sa qualité dépend en grande partie la valeur fonctionnelle
du membre conservé.et doit être adapté aux topographies. L’usage d’allogreffe
massive, de prothèse en titane longue queue sur mesure et de montage composte
ciment/vis, assure un résultat fonctionnel satisfaisant.
La reconstruction des localisations métaphysaires avec atteinte épiphysaire, au
genou ou à l’humérus et au fémur proximal, se fait par prothèse massive. La seule
particularité de ces reconstructions est le jeune âge des patients qui peut nécessiter
le recours à des prothèses de croissance, télescopique, destinées à compenser le
sacrifice du cartilage de croissance (82).
Dans les lésions des os longs, le sarcome d’Ewing est souvent purement
diaphysaire ou métaphyso-diaphysaire, permettant la conservation des épiphyses et
des cartilages de croissance. La reconstruction fait alors appel soit à un segment
61
d’allogreffe diaphysaire, soit de préférence à un greffon de péroné vascularisé que
certaines équipes associent à une allogreffe.
Les résultats de ces reconstructions par péroné vascularisé sont spectaculaires
chez l’enfant (83).
La résection du péroné proximal peut nécessiter le sacrifice du nerf fibulaire
commun, imposant alors le transfert secondaire du tendon tibial postérieur pour
compenser la paralysie des releveurs du pied. En cas de résection diaphysaire, il faut
parfois stabiliser la malléole externe par vis.
Au pied ou à la main, des résections carcinologiques sont parfois possibles,
mais l’amputation est souvent préférée (70,84).
Les lésions de l’omoplate sont traitées par scapulectomie et reconstruction
peut se faire par simple suspension de l’humérus à la clavicule.
o
Le traitement local des métastases :
Dans les métastases pulmonaires, le traitement peut comporter soit une
résection chirurgicale des nodules visibles en imagerie, soit des lobectomies. Du fait
de la haute radiosensibilité du sarcome d’Ewing, les lésions secondaires pulmonaires
peuvent être irradiées (85,86).
Quand les métastases osseuses sont uniques, on peut dans certains cas
discuter une résection chirurgicale, comme pour la tumeur primitive. La plupart des
métastases osseuses sont irradiées (85).
62
o
La radiothérapie :
Elle est restée longtemps le traitement local de choix comme depuis la
description de la grande radiosensibilité de la tumeur par Ewing en 1921.
La radiothérapie peut rester le seul traitement local dans certains cas de
tumeurs rapidement évolutives ou inopérables. Elle peut être associée à la chirurgie
pour diminuer les récidives locales.
En cas de radiothérapie post opératoire la dose recommandée dans le
protocole Euro-Ewing 99 est de 44 à 54Gy 2 à 4 semaines après chirurgie. Pour les
patients non opérés, la dose recommandée est de 54Gy jusqu’à 60 ou 64Gy en
fonction de l’âge et la localisation.
o
La chimiothérapie :
Ø
Les drogues efficaces :
Depuis les années 1960, beaucoup d’agents ont montré leur efficacité dans le
sarcome d’Ewing.
a)
En monothérapie :
Le traitement des métastases mesurables a permis de sélectionner les
produits les plus régulièrement efficaces (ceux dont le taux de réponse objective est
le plus élevé) : cyclophosphamide, ifosfamide, adriamycine, vicristine, fluoro-uracile
et à moindre degré l’ctinomycine D et VP16 (53).
b)
En polychimiothérapie :
Associant les drogues les plus actives, elles permettent de potentialiser leurs
effets en diminuant leur toxicité propre au prix d’une surveillance hématologique,
cardiaque et rénale étroite, ces polychimiothérapies obtiennent des taux e
rémission à 3ans de 30 à 60% (53).
63
Ø
Modalités d’introduction de la chimiothérapie :
a)
En néoadjuvant :
Ce type de traitement s’est imposé car la plupart des protocoles actuels
prévoient une phase d’induction par chimiothérapie exclusive précédant le
traitement local. Une telle attitude permet de vérifier l’efficacité de la chimiothérapie
d’induction, facilite le traitement local et sélectionne les patients nécessitant un
renforcement thérapeutique.
Dans l’étude européenne EICESS 92, on a utilisé une chimiothérapie
préopératoire associé à la radiothérapie dans le sarcome d’Ewing localement avancé.
On a comparé cette modalité de traitement avec le traitement local standard
(chirurgie ou radiothérapie uniquement ou radiothérapie postopératoire). Du moi
d’Avril 1991 au mois de juillet 1995, 83 patients ont reçu ce traitement. Les
résultats préliminaires ont montré l’association radiochimiothérapie préopératoire
est mieux tolérée avec un bon contrôle local (87).
Une étude faite à l’institut Rizzoli entre 1983 et 1995, chez 23 patients âgés
de plus de 39ans, atteints de sarcome d’Ewing non métastatique, traités par
chimiothérapie néoadjuvante avec des protocoles comprenant 4drogues chez 10
malades et 6 drogues chez les autres. Le traitement local était la chirurgie chez 8
malades, chirurgie+ radiothérapie chez 8 malades et radiothérapie uniquement dans
7cas. Dans un suivi de 8.8 ans, 13patients sont restés exempts de toute maladie et
1àpatients ont eu des récidives. La survie à 5ans sans événements et la survie
globale étaient respectivement de 53% et 59% (88).
64
b)
En adjuvant :
Si la phase initiale de la chimiothérapie néoadjuvante du sarcome d’Ewing
est résolue par le protocole de Hayes, si le traitement par chirurgie monobloc
extratumorale s’impose dans tous les cas, la 3
ème
phase du traitement qui est celle
de maintenance et de renforcement chez un malade apparemment en rémission
n’est pas encore réglée.
Le protocole DD2, qui prévoit un renforcement postopératoire par
Adriamycine, Cisplatine, Ifosfamide, semble apporter une solution efficace puisque
sur 23 patients ayant subi une résection monobloc extratumorale, 22 sont en
première rémission complète (taux de survie actuariel : 94% à 30mois) (53).
Grâce à cette chimiothérapie pré et postopératoire que le pronostic de ce
cancer s’est complètement transformé. La survie du patient à 5 ans est passée de 10
à 70%.
v
Evolution :
Le sarcome d’Ewing est une lésion d’évolution habituellement rapide.
Localement elle a tendance à envahir les parties molles et l’ensemble de la cavité
médullaire de l’os atteint.
A distance, le sarcome d’Ewing a une forte tendance à donner des métastases
par voie hématogène surtout au niveau pulmonaire et osseux.
65
v
Pronostic :
Avant le développement de la chimiothérapie et malgré un traitement
chirurgical ou une irradiation, moins de 10% des patients survivaient, à cause de
métastases.
-
L’existence de métastases au bilan initial constitue un facteur pronostique
péjoratif principal. Le pronostic également des récidives métastatique est
mauvais avec moins de 10% de survie à 5ans.
-
le pronostic des récidives locales est très mauvais avec moins de 10% d
survie à 5ans.
-
pour les malades non métastatiques, la grande taille initiale est un facteur
pronostic principal et dont l’élévation des LDH constitue un témoin.
-
la valeur de la localisation est retrouvée dans presque toutes les séries
importantes. La localisation pelvienne étant la plus péjorative ; vu le
volume tumoral et la difficulté du traitement local.
-
L’âge avancé a aussi une valeur pronostique péjorative.
-
Le facteur essentiel de pronostic est la réponse histologique à la
chimiothérapie.
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