Chapitre 5. Construire un problème
Propositions pratiques
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Activité 2. Identifier intuitivement le thème de discussion et les positions contraires
Objectifs : sensibiliser à la dimension dialogique de toute prise de parole ; associer la notion de thème à
celle de zone commune à deux interventions, et la notion de propos à celle de lieu d’une
prise de
position.
Durée : 1 à 2 périodes.
Toute argumentation est une mise en dialogue entre au moins deux positions contraires relativement à
un thème. Comme la dissertation demande de mettre en scène explicitement ce dialogue – mais de façon
monogérée, par un seul scripteur –, et que l’introduction a pour tâche de poser le cadre de ce dialogue, il
peut être intéressant d’amener les élèves à l’analyse de l’énoncé par le biais d’une activité intermédiaire de
reconstitution d’un démarrage d’interaction entre deux locuteurs, ceci pour manifester déjà
que nous
interprétons le sens d’un énoncé en reconstruisant forcément un contexte d’interaction, et en particulier un
autre énoncé exprimant une position différente.
Le maître présente le but de l’activité, en insistant sur le fait que, parmi les composants d’un débat qui
demandent à être rétablis, certains doivent l’être en tout premier lieu, car ils permettent de comprendre
globalement de quoi il est question : d’une part un thème de discussion – de quoi parle-t-on ? –, et d’autre
part quels sont les propos que chaque interlocuteur tient sur ce thème – quelle est la position que chacun
défend ? Le maître précise qu’une des particularités de la dissertation tient dans le fait que
tous ces
composants demandent à être rétablis à partir du seul énoncé qui aura été choisi
; et dans la mesure où l’on
évoque le cadre type d’une
discussion, l’enseignant propose alors aux élèves de considérer cet énoncé
comme la réponse que tel auteur ferait à un autre locuteur, qui viendrait à peine de s’exprimer à propos
d’un thème donné.
Il s’agit alors de reconstruire une amorce de dialogue, constituée uniquement de deux répliques, la
seconde étant par ailleurs déjà disponible, l’énoncé (que l’on
reprend tel quel, précédé d’un « Non, au
contraire »), comme intervention réactive et polémique à une affirmation implicite, qu’il
faudra alors
expliciter. Un ou deux exemples (qui peuvent être repris d’activités antérieures) donneront aux élèves un
aperçu de ce qu’on attend d’eux ; ces exemples peuvent par ailleurs voisiner avec des contre-exemples, afin
de préciser un point crucial : l’amorce d’interaction doit bien entendu être l’entame d’
un débat cohérent
,
c’est-à-dire qu’elle doit donner le sentiment que
les locuteurs abordent effectivement le même thème
, et
qu’
ils adoptent des positions contrastées
(et non pas similaires, ou sans aucun rapport les unes avec les
autres).
– Celui qui aime vraiment s’attache à être toujours sincère.
– Non, au contraire, quiconque aime vraiment renonce à la sincérité. (Gide)
– Celui qui aime vraiment fait toujours des cadeaux à la Saint-Valentin.
– Non, au contraire, quiconque aime vraiment renonce à la sincérité. (Gide)
– Le travail opprime l’individu.
– Non, au contraire, le travail libère l’individu (Sarkozy)
Chapitre 5. Construire un problème
Propositions pratiques
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– Le loisir opprime l’individu.
– Non, au contraire, le travail libère l’individu. (Sarkozy)
– Le paradis, c’est d’être seul.
– Non, au contraire, l’enfer est tout entier dans le mot « solitude ». (Hugo)
– L’enfer, c’est le retour de la mode des années 1990.
– Non, au contraire, l’enfer est tout entier dans le mot « solitude ». (Hugo)
Dans chaque paire d’exemples ci-dessus, la seconde amorce d’échange laisse entrevoir une anomalie
conversationnelle, signe que l’on n’a pas extrait
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