C-Sarcome d’Ewing :
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Définition :
Le sarcome d’Ewing est une tumeur osseuse maligne de l’enfant et de
l’adolescent, plus rarement de l’adulte. Elle est caractérisée par de amas denses de
petites cellules rondes uniformes en nappes, sans structure tissulaire
reconnaissable.
La première description d’une tumeur primitive ressemblant au myélome
multiple et qu’il avait nommée endothéliome diffus ou myélome endothélial, a été
attribuée à James Ewing en 1921 (47).
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Epidémiologie :
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Fréquence :
Le sarcome d’Ewing est une tumeur rare. Il représente 1 à 3% des tumeurs
malignes de l’enfant. Après l’ostéosarcome, c’est la plus fréquente des tumeurs
osseuses malignes du sujet jeune (48).
Selon Dahlin (49), il représente environ 6% de l’ensemble des tumeurs
osseuss primitives.
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Age :
Il survient dans 90% des cas entre 5 et 30ans avec un pic dans la deuxième
décennie. Il peut toucher le nourrisson, il existe même des formes congénitales (50).
Il est rare après 30ans (51).
Le pic d’incidence se situe entre 5 et 9ans chez les filles et entre 10 et 14ans
chez les garçons (52).
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Sexe :
Il existe une prédominance masculine nette, retrouvée dans presque toutes les
séries ; le sex-ratio est proche de 1,5 (53).
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Localisation :
Tous les os du squelette peuvent être touchés ; il n’existe pas de localisation
préférentielle (54-55).
Au niveau des os longs, le segment inférieur est plus concerné que le segment
supérieur. La localisation est diaphysaire et /ou métaphysaire. La localisation
épiphysaire est exceptionnelle.
L’atteinte des os plats concerne essentiellement la ceinture pelvienne, les
cotes et la voute crânienne. Au niveau des os courts, elle concerne les vertèbres, les
mains et les pieds (51).
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Etiologies :
L’étiologie précise du sarcome d’Ewing est encore inconnue mais il existe
probablement des facteurs héréditaires puisqu’il touche préférentiellement les
sujets d’origine européenne et que des formes familiales ont été décrites (56,57).
Des travaux récents, mais controversés, pourraient indiquer que certaines
infections virales joueraient un rôle dans l’induction des transformations génétiques
nécessaires au développement des tumeurs d’Ewing. Une translocation
chromosomique t(11 ;22) (q24 ;q12) est retrouvé dans 88 à 95%.
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Etude clinique :
Le symptôme révélateur habituel est la douleur, elle est intermittente puis
devient persistante au repos. Le deuxième symptôme est la tuméfaction, de taille
rapidement croissante et peut prendre un aspect inflammatoire (56, 57,58).
Un tableau fébrile est présent dans 10% des cas, c’est un élément péjoratif et
peut confondre un processus infectieux.
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Etude paraclinique :
a) Imagerie :
Ø
Radiographie standard :
L’aspect est variable, mais prend habituellement la forme d’une tumeur
maligne agressive.
La forme typique, siégeant sur les os longs, est celle d’une lésion lytique,
entourée d’une réaction périostée fusiforme en fines lamelles parallèles au grand
axe de l’os, réalisant une image en « bulbe d’oignon ». La lyse est mal limitée,
irrégulière, donnant un aspect vermoulu, avec des corticales mouchetées (49, 57,
59). L’éperon de Codman est inconstant.
Ø
Imagerie par résonance magnétique :
C’est l’examen de choix, la tumeur se manifeste habituellement par un
hyposignal en T1 écho de spin(SE) et un hypersignal plus ou moins hétérogène sur
les séquences en T2 SE. L’injection du produit de contraste montre un rehaussement
hétérogène (51).
Son apport principal réside surtout dans le bilan d’extension locorégionale avant la
réalisation d’une biopsie.
Elle permet l’étude précise des contours de la tumeur, les mensurations dans
les trois plans de l’espace, l’appréciation de l’extension vers l’épiphyse,les parties
molles, et les autres structures adjacentes.
Ø
Tomodensitométrie :
On lui préfère d’emblée l’IRM même si cette dernière étudie moins bien
l’atteinte osseuse corticale.
Elle est plus intéressante dans les lésions costales où la masse des parties
molles contraste avec le parenchyme pulmonaire ainsi que dans les localisations
rachidienne et pelvienne (60,61).
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Scintigraphie osseuse :
Elle a intérêt dans la recherche des métastases osseuses.
Ø
L’artériographie :
Elle montre l’hypervascularisation tumorale constante dans le sarcome
d’Ewing non traité.
Elle ne fait pas partie des examens à visée diagnostique.
Ø
Le bilan d’extension à distance doit comporter des radiographies et TDM
thoraciques à la recherche de localisations secondaires.
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Anatomopathologie :
La biopsie demeure chirurgicale pour la majorité des auteurs. C’est un acte
important. L’incision doit être choisie avec l’optique d’une exérèse ultérieure. Mais
la biopsie à l’aiguille conserve une place en cas de lésion superficielle, costale ou
pelvienne. Elle peut être guidée par la scopie ou par le scanner et serait fiable dans
78 à91% des cas (62).
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Sur le plan macroscopique : une tumeur de départ intraosseux infiltrant la
moelle ; peu ostéogène, souvent nécrosée, voire punctiforme, son
agressivité explique le franchissement rapide de la corticale et des parties
molles.
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Sur le plan microscopique (63) : c’est une tumeur à petites cellules rondes,
monomorphes, en nappe, à noyau dense hyperchromatique et nucléolé
(Figure c). Le diagnostic repose sur l’association d’arguments négatifs et
positifs (64, 65, 66).
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