D/ Autres sarcomes osseux :
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Fibrosarcome :
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Définition :
C’est une tumeur caractérisée par une prolifération de cellules fibroblastiques
n’élaborant ni tissu ostéoïde, ni chondroïde, mais une quantité plus ou moins
abondante de collagène, le fibrosarcome peut être primitif ou secondaire, naître à la
surface de l’os ou dans sa médullaire (110).
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Epidémiologie :
+ Fréquence :
Il s’agit d’une tumeur rare, environ dix fois moins fréquente que
l’ostéosarcome. Elle représente 2 à 3 % des tumeurs osseuses malignes primitives.
Seules trois grandes séries historiques incluant des malades sur plus de 60 ans
dépassent les 100 observations (111).
+ Âge de survenue :
Cette tumeur a une répartition très étendue en âge puisqu’elle se voit de 4 à
plus de 80 ans. Sa fréquence maximale est aux alentours de la quarantaine pour les
fibrosarcomes primitifs, et 10 ans plus tardive pour les fibrosarcomes secondaires.
+Localisation :
La grande majorité des cas touche les gros os des membres (fémur :
36 % des cas, tibia : 14 %, humérus : 9 %) et l’os iliaque (12 %). La face (4 %) et
la mandibule (5 %) représentent des localisations non exceptionnelles. Sur les os
longs, la tumeur se localise préférentiellement autour des métaphyses fertiles et
peut se propager secondairement à l’épiphyse et à la diaphyse (114).
Dans la plupart des cas, il s’agit de lésions qui naissent à l’intérieur de la médullaire
osseuse, mais des formes à développement périphérique sont possibles et
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particulièrement bien décrites par Huvos (111). Et on peut assister à une forme
diffuse (116).
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Etude clinique :
Les signes révélateurs n’ont rien de spécifique et dépendent, en partie, de
l’agressivité tumorale. Les fibrosarcomes bien différenciés évoluent souvent
lentement, sont peu douloureux et ne s’accompagnent que rarement de
tuméfactions palpables. Les douleurs initialement d’horaire mécanique peuvent
évoquer une pathologie rhumatismale, une gonarthrose (109).
Dans ces lésions d’évolution lente, parfois c’est une fracture spontanée qui
révèle une ostéolyse développée en 1 ou 2 ans. Les fibrosarcomes de haut degré de
malignité sont habituellement de symptomatologie plus bruyante. Ils se révèlent, le
plus souvent, par la douleur, rapidement croissante et s’accompagnent
fréquemment d’une tuméfaction profonde.
Les signes cliniques des fibrosarcomes secondaires sont parfois intriqués à
ceux de la maladie causale (maladie de Paget, dysplasie fibreuse) ou d’une
radiothérapie préalable et peuvent être d’autant plus trompeurs.
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Etude radiologique :
L’absence de toute ostéogenèse tumorale explique l’aspect lytique pur des
fibrosarcomes (115).
Dans les formes centrales d’évolution lente, le processus d’ostéolyse débute
dans la médullaire et détruit la corticale par sa profondeur. Elle peut s’accompagner
d’une réaction discrète qui, associée au grignotage endomédullaire, donne un
aspect soufflé parfois pseudokystique (113).
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Les tumeurs évolutives donnent un aspect lytique irrégulier à limites floues,
grignotées et mitées. La destruction corticale permet l’envahissement des parties
molles mais se réalise, habituellement, sans éperon périosté ni triangle de Codman.
Les fibrosarcomes de surface se développent précocement dans les parties
molles et détruisent la corticale par sa face périphérique.
Ils peuvent susciter une réaction périostée minime.
Quel que soit l’aspect, les examens complémentaires sont nécessaires
(scintigraphie osseuse, examen tomodensitométrique [TDM], imagerie par résonance
magnétique [IRM]) avant l’examen anatomopathologique nécessaire au diagnostic.
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Anatomopathologie :
+Aspect macroscopique :
Les fibrosarcomes de faible degré de malignité sont habituellement gris
blanchâtre, de consistance ferme car ils contiennent du tissu collagène en
abondance. Les sarcomes de haut degré de malignité sont plus volontiers rosâtres et
mous semés de plages hémorragiques et nécrotiques (112).
+
Aspect histologique :
L’aspect histologique de la tumeur est très monomorphe et associe des
cellules fusiformes à des fibres de collagène. Les cellules fusiformes sont groupées
typiquement en faisceaux. Ces faisceaux se raccordent typiquement à angle ouvert
réalisant l’aspect classique en « arêtes de poisson ». Les fibroblastes sont fortement
positifs pour la vimantime et sont parfois légèrement positifs avec l’actine
(myofibroblastes). Ces cellules fibroblastiques possèdent un noyau volumineux,
nucléolé, avec une chromatine grossièrement répartie.
Entre les cellules, il existe des fibres collagènes dont l’abondance est un
élément de bon pronostic. La classification histologique en degré de malignité
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repose sur l’abondance du collagène et de la nécrose, la cellularité, le
pléiomorphisme et l’abondance des noyaux, le nombre et l’atypie des mitoses.
+
Grading :
Le degré de malignité I se définit par l’abondance de collagène, la pauvreté en
cellules et en mitoses.
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Traitement :
L’attitude thérapeutique dépend du degré de malignité. Dans les
fibrosarcomes de bas degré de malignité, le traitement chirurgical adéquat, basé
sur la résection monobloc extratumorale large, suffit.
Dans les sarcomes de haut degré de malignité, qui rassemblent la très grande
majorité des histiocytofibromes malins et sa variété de sarcomes à cellules géantes,
un traitement multidisciplinaire comprenant une chimiothérapie préopératoire basée
sur le méthotrexate haute dose hebdomadaire, une résection carcinologique et une
chimiothérapie postopératoire s’imposent pour diminuer le risque d’évolution
métastatique (113).
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Pronostic :
Avant l’ère de la chimiothérapie, l’évolution des fibrosarcomes était moins
sévère que celle de l’ostéosarcome commun avec 25 à 30 % de survie en rémission à
5 ans : 25 % dans la série de Cochin rapportée par Nilsonne, 28 % dans la série de
Bristol rapportée par Eyre-Broock, 21 % dans la série de Jeffree, 34 % dans la série de
Huvos , 28,7 % dans la série de la Mayo Clinic rapportée par Dahlin, 28,7 % dans la
série de Gilmer, 31,7 % dans la série de Cuningham, 34% dans la série de McKenna.
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