partenaires. Enfin, même si cela n’entre pas dans notre sujet, les copro-
ductions rencontrent un succès en urss, car elles représentent pour les
40. 5/36/158/179-181. Lettre du Goskino (Baskakov) et de l’Union des cinématographes
(Lev Koulidjanov, premier secrétaire de l’Union), 15 avril 1966 (p. 216)
41. 5/59/56/89-96. Rapport de Mosfilm et du Goskino, 29 mai 1967 (p. 345). Le film est une
adaptation des mémoires éponymes du prince Félix Youssoupoff (1887-1967), publiées en 1927.
Réussissant à sauver une partie de ses biens de la confiscation des bolcheviks, Youssoupoff trouve
refuge en France en 1920. La première scène du film le montre interviewé par Alain Decaux.
42. 5/62/91/125-129. Note du kgb (Andropov), 16 septembre 1970. Cite G. Britikov, directeur
du studio Gorki (p. 841).
43. http://www.kommersant.ru/doc/554055/print.
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Andreï Kozovoï
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spectateurs soviétiques un substitut aux films étrangers, présents sur les
écrans soviétiques, mais en quantité limitée
44
.
Au cours de notre période, deux coproductions soviéto-italiennes sor-
tent du lot par les moyens engagés : La Tente rouge (1969, Mikhaïl Kalatozov)
raconte comment, en 1928, les Soviétiques ont sauvé au pôle Nord l’expé-
dition d’Umberto Nobile (Peter Finch). Avec Sean Connery, figurant l’ex-
plorateur norvégien Roald Amundsen, et Claudia Cardinale dans le rôle d’une
infirmière, le producteur italien Franco Cristaldi (mari de Cardinale) investit
pas moins de dix millions de dollars pour tourner dans l’Arctique soviéti-
que. Les Fleurs du soleil (1970, Vittorio de Sica) raconte quant à lui l’histoire
d’un soldat italien disparu sur le front russe, avec des acteurs prestigieux :
Marcello Mastroianni et Sophia Loren. Le célèbre producteur Carlo Ponti
(mari de Loren) est également autorisé à tourner en urss. Si le premier film
déçoit par ses résultats financiers, le second est très profitable
45
.
Les coproductions montrent en fait que la diplomatie culturelle au
cinéma est bien moins figée et strictement hiérarchisée que le laissent sup-
poser les rapports mentionnés précédemment. Elles donnent aux acteurs
de l’industrie cinématographique soviétique une latitude sans précédent
dans les contacts avec « l’ennemi de classe », qui en profite d’ailleurs pour
mener une politique de « subversion ». Celle-ci est matérielle et touche en
priorité les employés de Soveksportfilm, qui acceptent souvent des cadeaux
de la part de leurs interlocuteurs et ont tendance à se présenter comme des
décideurs ultimes
46
. Les studios soviétiques mènent une politique libre en
matière de choix de partenaire, comme l’illustre l’exemple de Lenfilm (le
studio de Leningrad, le deuxième du pays), qui réalise avec le studio nor-
végien Norksfilm Une seule vie (1968, Sergueï Mikaelian), un film consacré
aux aventures de l’explorateur Fridtjof Nansen. Lenfilm ne coupe pas les
ponts avec les Norvégiens, alors que ceux-ci participent à l’adaptation d’Un
jour dans la vie d’Ivan Denisovitch, œuvre de Soljenitsyne, écrivain qui fait
alors l’objet d’une féroce campagne de critiques qui aboutira, on le sait,
à son expulsion d’urss en 1974
47
. Les premiers concernés sont les jeunes
réalisateurs et scénaristes, et en général les cadres de la génération marquée
par le dégel, la fine fleur du cinéma soviétique. En quête de reconnaissance
internationale, ils font tout leur possible pour travailler avec les étrangers
48
.
Dans le contexte de réaction conservatrice, les coproductions ne man-
quent pas de susciter la polémique. Pour le kgb, organisation que l’on
retrouve sans surprise en pointe dans le groupe des critiques, les raisons
pour réagir sont à la fois structurelles et conjoncturelles : la « corruption »
44. Shaw et Youngblood, op . cit ., p. 53.
45. 5/62/91/125-129. Note du kgb (Andropov), 16 septembre 1970. Cite le directeur de
Sovinfilm Otar Teneïchvili (p. 841). Avec 475 000 dollars récoltés, les Soviétiques gagnent plus du
double de leur investissement initial.
46. 5/36/148/43-48. Note du kgb (Bobkov), 24 juin 1965 (p. 37).
47. 5/62/91/125-129. Note du kgb (Andropov), 16 septembre 1970 (p. 841). Cite un employé
de Soveksportfilm, V. Spirine.
48. Ibid ., p. 841. Cite Lev Koulidjanov.
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