approfondir leur désaccord . En effet, un locuteur qui argumente ne se contente pas d’énoncer une réponse à la question qui fait débat :
il
construit sa position . Bien que les contextes où l’on argumente soient d’une extrême diversité, nous
considérerons ici que la construction d’une position implique fondamentalement deux processus
. Premièrement, le locuteur s’efforce de
justifier sa réponse au moyen d’arguments qui sont
supposés en établir (ou en accroître) l’acceptabilité aux yeux du destinataire
3
. Lorsqu’une réponse fait l’objet
d’une telle tentative de justification, elle acquiert pleinement le statut de
thèse prônée par le locuteur .
Les arguments proposés formulent des raisons qui soutiennent la thèse et lui servent d’appui : on parle ici
parfois – et le mot, issu du lexique de la maçonnerie, est fort parlant – d’un
processus d’ étayage de la
thèse par les arguments
. Deuxièmement, le locuteur qui argumente s’efforce de
situer le discours qu’il développe
par rapport à un contre-discours . La notion de contre-discours désigne un discours qui s’oppose à celui que
développe le locuteur (on a vu que cette opposition peut être tangible ou simplement plausible, selon le
contexte). Ainsi, le locuteur est amené à considérer d’
autres thèses que l’on pourrait soutenir en réponse à la
question débattue : ce sont les
thèses envisagées (si le locuteur les prend en compte sans les prendre
directement en charge) ou les
thèses rejetées (s’il cherche explicitement à en montrer l’inacceptabilité). Le
locuteur examine aussi les arguments sur lesquels s’appuient les thèses adverses : ce sont les