Chapitre 5. Construire un problème
Apports théoriques
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notamment
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; dans ces cas-là en effet, un partage a priori entre thème et propos s’opère autour de la
distinction sujet/prédicat.
Cependant, ce critère ne suffit pas, et peut même s’avérer trompeur, comme dans le cadre de cet énoncé
de Victor Hugo souvent proposé dans les méthodes d’enseignement de la dissertation : « L’enfer est tout
entier dans ce mot : solitude. » Il serait erroné de considérer /l’enfer/ comme thème du débat, quand bien
même il joue le rôle de sujet et occupe la zone tout à gauche de l’énoncé ; on se lancerait en effet dans une
discussion sans queue ni tête, ce qu’on peut montrer en essayant de reconstituer un début de dialogue :
– L’enfer, c’est les autres / c’est le libéralisme / c’est de ne pas savoir ce qu’on mangera demain / c’est le retour en
force de la mode des années 1990...
– Non, l’enfer est tout entier dans ce mot : solitude.
Le fait de pouvoir varier de manière totalement indéfinie le contenu de la réplique à laquelle l’énoncé
hugolien répondrait de manière polémique signale que, si un débat peut émerger, ça ne peut pas être au
sujet de /l’enfer/. Le sens de ce nom est en effet totalement fixé et ne peut être modelé par un point de vue –
précisément
parce qu’il
est un support de point de vue par excellence
, il exprime une dépréciation maximale
d’une réalité qu’on lui associe ; en d’autres termes, dans ce contexte,
c’est à travers lui qu’une opinion peut
être formulée
. Le nom « enfer » est donc une composante du
propos
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, non du thème, ce dernier étant bien
entendu incarné par l’autre mot clé, « solitude », suffisamment
ambivalent
pour voir sa signification
modelée par des points de vue divergents :
– La solitude est synonyme de bonheur.
– Non, au contraire, l’enfer est tout entier dans le mot « solitude ».
Ce second critère – la
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