Heidi Van de Keere
LA SPRIFERMINE DANS LA GONARTHROSE?
Une étude randomisée, contrôlée par placebo et en double aveugle n’a pas établi de relation significative entre le
traitement par sprifermine et une diminution de la perte de cartilage dans le compartiment fémoro-tibial médial
central (cMFTC). En revanche, les critères d’évaluation secondaires ont mis en évidence des diminutions dose-
dépendantes significatives de la perte de cartilage après un traitement par sprifermine.
De nombreux composés ont fait l’objet d’études évaluant
leur effet sur la structure articulaire et les symptômes de
gonarthrose. Toutefois, aucun traitement pharmacolo-
gique ou autre n’a jusqu’ici montré d’effets favorables
incontestés – qui se traduiraient par un bénéfice clinique
– sur les caractéristiques structurelles des lésions articu-
laires dans l’arthrose. Plusieurs études se sont penchées
sur des composés anti-cataboliques, dont on pense qu’ils
pourraient contrer la progression de la destruction du car-
tilage. Une autre approche consiste à stimuler le dévelop-
pement et la régénération du cartilage.
La sprifermine, ou facteur 18 de croissance des fibroblastes
humains recombinant
(rhFGF18), se lie aux récepteurs
FGFR3 et les active spécifiquement dans le cartilage; in
vitro, elle a montré un effet favorable sur la chondroge-
nèse et la production de matrice cartilagineuse. Les études
précliniques ont démontré que la sprifermine exerce effec-
tivement un effet de stimulation sur la prolifération des
chondrocytes, la formation de la matrice cartilagineuse et
la régénération du cartilage. Ces résultats suggèrent que
ce composé pourrait aussi avoir un effet favorable sur la
structure articulaire chez les personnes souffrant d’arth-
rose. Dans une étude conduite chez des personnes devant
subir une arthroplastie totale du genou, l’administration
d’injections intra-articulaires de sprifermine n’a induit
aucun problème de sécurité locale ou systémique.
L’actuelle étude de preuve de concept (proof-of-concept)
évalue les effets de la sprifermine sur l’épaisseur du car-
tilage dans le compartiment fémoro-tibial médial central
(cMFTC) au moyen de l’IRM chez des personnes présentant
une gonarthrose symptomatique. Le profil de sécurité a
également été étudié. Concrètement, Lohmander et son
équipe ont testé, dans le cadre d’une étude en double
aveugle et contrôlée par placebo, l’hypothèse selon laquelle
la sprifermine permettrait de contrer la perte de cartilage
articulaire, et ainsi d’influencer l’évolution naturelle de
l’arthrose.
Sur les 192 participants randomisés, 168 ont finalement
été évalués pour le critère d’efficacité principal. Les cher-
cheurs n’ont cependant pas constaté de modification sta-
tistiquement significative de l’épaisseur du cartilage dans
le cMFTC. En revanche, la sprifermine a été associée à une
diminution dose-dépendante statistiquement significative
de la perte d’épaisseur et de volume du cartilage fémoro-
tibial (articulation totale et compartiment latéral). Tous
les groupes, y compris le groupe placebo, ont présenté une
nette amélioration des symptômes au cours des premières
semaines de traitement.
Les auteurs concluent que le critère d’évaluation princi-
pal de l’étude – la diminution de la perte de cartilage dans
le cMFTC – n’a pas été atteint. Les critères d’évaluation
secondaires, en revanche, correspondaient à un effet dose-
dépendant de la sprifermine sur le cartilage dans l’articula-
tion fémoro-tibiale totale et latérale. Ces résultats, associés
à un profil de sécurité manifestement favorable, suggèrent
qu’il est souhaitable de conduire d’autres études cliniques
et de recherche fondamentale avec ce composé.
Lohmander S, Hellot S, Dreher D, et al. Intra-articular sprifermin (recombinant human
fibroblast growth factor 18) in knee osteoarthritis: Randomized, double-blind, placebo-
controlled trial. Arthritis & Rheumatism, doi: 10.1002/art.38614.
ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°3 | 2014
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MUTATION GÉNÉTIQUE ET VASCULARITE
DANS LA PÉRIARTÉRITE NOUEUSE
Les mutations récessives avec perte fonctionnelle dans le gène qui code pour l’ADA2 (un facteur de croissance et
la principale adénosine-désaminase) peuvent être à l’origine d’une vascularite dans la périartérite noueuse, avec
des manifestations cliniques très variées. Telle est l’hypothèse résultant d’une étude internationale publiée dans
le New England Journal of Medicine.
La pathogenèse de la périartérite noueuse, une vascularite
nécrosante systémique, est loin d’être établie avec préci-
sion. Une équipe de recherche internationale a identifié
six familles d’origine géorgienne/juive ou allemande. Ces
familles comportaient plusieurs cas de formes systémiques
et cutanées de périartérite noueuse, caractérisées par une
transmission autosomique récessive. Dans la plupart des
cas, la pathologie avait débuté au cours de l’enfance.
Les chercheurs ont réalisé une détermination des séquences
de l’exome (la partie du génome codant pour les protéines)
chez les personnes issues de ces familles. Ils ont également
réalisé une détermination ciblée de séquences dans ces fa-
milles et chez des personnes non apparentées souffrant de
la même pathologie. Parmi ces dernières figuraient trois
personnes d’origine géorgienne/juive et 14 d’origine turque.
Les mutations ont été confirmées en testant leur effet sur
l’activité enzymatique dans des échantillons sériques des
patients, en analysant la structure des protéines et leur ex-
pression dans les cellules de rongeurs et en procédant à une
analyse biophysique de la protéine purifiée.
Dans toutes les familles, la vascularite était induite par
des mutations récessives dans le gène CECR1, qui code
pour l’adénosine désaminase 2 (ADA2). Tous les patients
géorgiens/juifs étaient homozygotes pour une mutation
qui codait pour une substitution de Gly47Arg. Les pa-
tients allemands étaient hétérozygotes pour les mutations
Arg169Gln et Pro251Leu, et un patient turc était hétéro-
zygote pour les mutations Gly47Val et Trp264Ser. Dans la
population géorgienne/juive endogène, la fréquence de la
protéine de transport Gly47Arg était de 0,102, un chiffre
compatible avec une prévalence élevée de la maladie. En
revanche, les autres mutations n’ont été observées que
chez un seul membre de la famille ou patient, ou se sont
révélées extrêmement rares. L’activité de l’ADA2 était si-
gnificativement plus faible dans les échantillons sériques
des patients. L’expression observée dans les cellules ré-
nales embryogènes humaines (293T) n’a mis en évidence
que peu de protéines mutées.
Les auteurs ont conclu que les mutations récessives avec
perte fonctionnelle du facteur de croissance ADA2, la prin-
cipale adénosine désaminase extracellulaire, peuvent être
à l’origine de la vascularite dans la périartérite noueuse,
avec des manifestations cliniques très variées.
Navon Elkan P, Pierce SB, Segel R, et al. Mutant adenosine deaminase 2 in a polyarteritis
nodosa vasculopathy. N Engl J Med 2014;370:921-31.
LE TABAGISME: UN PUISSANT FACTEUR PRÉDICTIF
DE LA PROGRESSION RADIOGRAPHIQUE DE LA MALADIE
DANS LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
La présence de tabagisme au moment d’un diagnostic précoce de polyarthrite rhumatoïde (PR) est un puissant
facteur prédictif de la progression radiographique de la maladie, comme le suggère une analyse des participants
à l’étude multicentrique randomisée SWEFOT. Les résultats de cette analyse ont été publiés par la revue Annals
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