A l’échelle nationale, le scénario « Afterres 2050 » de l’association Solagro est un peu moins ambitieux mais arrive tout de même à ces conclusions : d’ici 30 ans, une agriculture bio à 50 % pourrait nourrir 72 millions de Français sans augmenter la quantité de terres arables. A nouveau, à condition bien sûr de changer nos pratiques, en commençant par notre assiette : moins de sucres et de protéine animales, un régimeuh alimentaire beaucoup plus axé sur les protéines végétales, et en réduisant de moitié les pertes et le gaspillage.
Dans ce scénario, les impacts positifs sur l’environnement, les ressources naturelles et le changement climatique sont vachement importants :
Dans ce scénario, les impacts positifs sur l’environnement, les ressources naturelles et le changement climatique sont vachement importants :
l’utilisation des pesticides (et donc la pollution engendrée) serait divisée par 3
les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture réduits de moitié,
la consommation d’énergie et la consommation d’eau utilisée pour irriguer les cultures d’été divisées par 2.
LES VACHES SONT VACHEMENT UTILES AUSSI…
Deux études récentes (2021) montrent aussi que le passage à une agriculture bio, locale et nourricière n’est pas une utopie, et que l’élevage a un rôle à jouer.
La première, meuhnée par les chercheurs de l’INRAE* (5), considère que nourrir la population mondiale avec 60% de bio est réalisable. Pour ce faire, il faut agir côté consommation, mais aussi production. D’une part, réduire un peu le nombre de calories dans notre assiette : de 3 000 kilocalories en moyenne, par jour et par habitant dans les pays développés, à 2200. Et d’autre part, conserver une part d’élevage pour optimiser les précieuses ressources naturelles qu’il fournit.
Aujourd’hui, les régions agricoles sont hyperspécialisées : par exemple, en France, l’élevage porcin et bovin se concentre en Bretagne, et la production céréalière en Ile-de-France. Si on réinstallait des élevages à proximité des terres agricoles, on pourrait plus facilement recycler les déjections animales en fumier, et donc se passer d’engrais chimiques ! L’agriculture et l’élevage sont naturellement complémentaires : les associer sur une même ferme, en polyculture-élevage, ou à proximité, constitue un modèle agricole d’avenir.
Pour l’agronome Marc Dufumier, ces changements sont à notre portée : « Il existe plusieurs formes d’agricultures alternatives capables de nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière. Elles permettraient, de plus, de fixer le CO2 dans le sol tout en l’enrichissant en azote et phosphate sans apport de produits chimiques toxiques.[…] Mais cela implique des changements de société radicaux qu’aucun gouvernement n’a cherché à appliquer jusqu’à présent. Ainsi, l’objectif de la politique agricole commune devrait être d’encourager ces pratiques alternatives plutôt que de fournir des subventions proportionnelles aux surfaces exploitées.”