Historique de la domestication et des méthodes d'élevage des lapins page
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Les possibilités de croisement entre lièvres et lapins étaient encore discutées au début de 18
e
siècle, mais
les travaux de Buffon ont clairement montré que si des lièvres et des lapins élevés ensemble pouvaient à
l'occasion s'accoupler, il n'en résultait jamais rien. Les croyances de l'époque sur les possibilités de croisements
interspécifiques n'étaient pas rares et Valmont-Bomare a cru utile de préciser que Mr De Haller a bien vérifié que
les amours d'une poule et d'un lapin ne sont que les badinages d'un animal particulièrement sémillant. Le doute
avait effet été semé par R.A. Ferchault de Réaumur (membre de l'Académie des Sciences) qui, au début du 18
e
siècle, avait observé ce qu'il a considéré comme des accouplements, entre un lapin et une poule. Cette
observation a d'ailleurs été reprise et déformée dans le titre d'une ouvrage récent de G. Bresson (2001)
malencontreusement intitulé «Réaumur :
le savant qui osa croiser une poule avec un lapin .» (croiser veut dire qu'il
y a eu des descendants, alors que seul des "accouplements" ont été observés sans aucun descendant, ce qui
n'est pas du tout la même chose).
Figure 34 : Un lapin
particulièrement sémillant peut
poursuivre une poule de ses
assiduités
Figure 35: Il peut même tenter de
s'accoupler, comme l'a vu Mr de
Réaumur, mais cela ne donne pas
de descendants ! ...
Figure 36 : … pas plus que si un
lapin s'accouplait avec une chatte.
Figure 37 : Relation plus classique
entre une chatte et un lapin
Au début du 18
e
siècle certains auteurs écrivent que la lapine serait capable de superfoetation comme la hase
(conduite de 2 gestations à des stades différents), mais moins souvent que cette dernière. On sait maintenant avec
certitude qu'il n'en est rien et que sur ce point la reproduction de la lapine diffère fondamentalement de celle de la hase
(femelle du lièvre).
Les gourmets de l'époque font peu de cas du lapin domestique et lui préfèrent très nettement le lapin sauvage
généralement élevé dans les garennes. En effet, les lapins mangent différentes herbes et leur odeur éventuelle peut se
communiquer à la viande. Ainsi selon ce qu'ils ont mangé les lapins ont une viande qui peut sentir le chou ou le thym et
comme le lapin domestique mangeait beaucoup plus souvent du chou que du thym, sa viande était considérée comme
moins intéressante que celles des lapins élevés dans les garennes. Pour ces derniers, les recettes sont nombreuses.
Par exemple en 1777 dans son Histoire générale et économique des trois règnes de la nature, Pierre Joseph Boc'hoz
mentionne 33 recettes pour accommoder le lapin contre seulement une quinzaine pour le lièvre (une ou deux
seulement étant communes). Pour améliorer la qualité gustative de la viande des lapins, il est conseillé de castrer les
mâles pour obtenir une viande plus moelleuse. Cette technique se justifiait à cette époque, les lapins étant sacrifiés vers
5 mois, c'est-à-dire alors que la maturité sexuelle est atteinte depuis au moins 2 mois. Les travaux conduits en France
dans les années 1990 ont montré qu'avec les techniques d'élevage et les souches actuelles, la castration ne présente
plus aucun avantage.