Historique de la domestication et des méthodes d'élevage des lapins page
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Figure 26 : Deux lapins dans
l'intérieur d'une maison, dans ce
tableau de Vittore Carpaccio peint
en 1505-1508 et représentant la
naissance de la Vierge Marie
Figure 27 : Un lapin noir et blanc
(pie) dans cette illustration d'un
manuscrit allemand du 15e siècle
Figure 28 : Un lapin blanc dans ce
tableau de la Vierge au lapin, peint
par Le Titien vers 1525-1530
Figure 29 : Des lapins gris, beige,
noir dans ce tableau de Jan Griffier
de 1700, décrivant des lapins dans
la vallée de la Tamise
2.2. - Développement de la production du lapin aux 18 e et 19 e siècles 2.2.1. Approfondissement des connaissances biologiques Au cours du 18
e
siècle et de toute la première partie du 19
e
siècles les méthodes d'élevage pratiquées
étaient celles décrites à la fin du 16
e
et au début du 17
e
siècle, pratiquement sans modification. Les ouvrages
d'agriculture des auteurs de la renaissance étaient d'ailleurs régulièrement réédités. En plus, les auteurs anglais
précisent dans l'intérêt économique de la production cunicole, les bénéfices complémentaires provenant de la
vente des peaux de lapins et surtout de celle de leurs fumiers fort appréciés par exemple par les maraîchers et
horticulteurs des environs de Londres.
Au cours de cette période de nombreuses personnes, des "savants", ont cherché à décrire la biologie des
animaux et celle du Lapin en particulier avec l'espoir fondé que ces meilleures connaissances permettraient une
meilleure valorisation de l'animal. En effet, des auteurs comme Mortimer en Angleterre (
The Whole art of Husbandry , 1707) soulignent l'intérêt économique qu'il y a à élever des lapins en claustration à proximité des
grandes villes. Ces animaux doivent être logés confortablement bien au sec et au chaud si l'on veut éviter un arrêt
de la reproduction en hiver, qui est la meilleure période pour les profits.
Parmi des auteurs ayant étudié la biologie, on peut citer par exemple Buffon en France qui décrit celle du
lapin et du lièvre dans son Histoire Naturelle (1754). Une synthèse des connaissances de l'époque figure dans
l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (1765) ou dans le Dictionnaire Raisonné, Universel d'Histoire Naturelle de
Valmont-Bomare (1800) pour ne citer que ceux-là. Il n'y est toujours décrits que 5 couleurs principales chez le
lapin (gris sauvage avec des nuances plus ou moins foncées, blanc, noir, tacheté noir et blanc et riche). Vient par
contre s'ajouter le lapin Angora qui existe dans les 5 couleurs précitées. Il est par ailleurs précisé que le lapin
domestique est sensiblement plus grand que le lapin sauvage.
Figure 30 : Lapin sauvage,
planche coloriée de Buffon
(1754)
Figure 31 : Lapin domestique, planche
coloriée de Buffon (1754). Il est
représenté tacheté noir et blanc
Figure 32 : Lapin riche, planche coloriée
de Buffon (1754). Ce lapin est à l'origine
des tous les lapins argentés
Figure 33 : Lapin Angora, planche
coloriée de Buffon (1754), dans sa
variété blanche
Selon les constats de l'époque, les jeunes lapins domestiques peuvent commencer à se reproduire dès
l'âge de 5 à 6 mois. La femelle, après une gestation de 30-31 jours, donne naissance à des portées comptant 5 à
6 lapereaux mais pouvant aller souvent jusqu'à 7 ou 8, voire 10. Elle est presque toujours en chaleur, ou du moins
en état d'accepter le mâle, même si elle est déjà gestante; elle peut ainsi donner des petits tous les mois qu'elle
allaite 21 jours. Les lapereaux commencent à sortir du nid à l'âge de 3 semaines et sont définitivement sevrés au
plus tard à l'âge de 2 mois. La durée de vie des lapins domestiques est de l'ordre de 8 ou 9 ans, mais il est
conseillé de ne pas conserver les lapines au-delà de 5-6 ans et les mâles un peu moins.
Autrement dit les connaissances de bases de la reproduction des lapins étaient bien établies dès le
18
ème
siècle. Il faut cependant apporter quelques nuances quant à la qualité des observations de l'époque. Par
exemple le comportement des mâles est décrit comme agressif vis-à-vis des lapereaux au nid, alors que l'on a
clairement démontré à la fin du 20
e
siècle que ce sont les femelles qui sont agressives vis-à-vis des lapereaux des
autres femelles et non les mâles.