une représentation verbale du monde
qu’autrui m’offre à travers son énoncé, un point de vue qui se construit en faisant usage d’
unités linguistiques (des mots). Ceci implique dès lors d’une part que les propriétés assignées à la notion prise
pour thème sont plus précisément
des propriétés sémantiques , et d’autre part que la représentation du
monde se déploie sur fond de
modelage du sens de l’unité lexicale qui incarne ce thème dans l’énoncé.
Un exemple illustrera plus clairement ce lien étroit entre expression d’un point de vue sur le monde et
modelage du sens linguistique. Lorsque Nicolas Sarkozy affirme au
Journal de 20 heures : « Le travail libère
l’individu » (France 2, 29 mars 2005), celui-ci impose par son assertion
une représentation de la notion de /travail/ qui lui associe étroitement
la propriété sémantique /libération/ . Ce faisant, il modèle
nécessairement le
sens du nom « travail », il le module de façon à « faire voir » la notion
sous un certain angle , à
imposer un point de vue déterminé. Cette modulation s’opère en effet par le fait même de lier le
nom « travail » et le verbe « libérer » au sein d’un même énoncé qui se veut
cohérent : cette articulation
induit alors une
sélection et une mise en avant de
certains traits dans la signification du nom « travail »
(par exemple le trait /salaire/) qui s’accordent avec la propriété /libération/ signifiée par le verbe « libérer »,
ce qui va de pair avec un
effacement d’autres traits qui, eux, ne s’accorderaient probablement pas avec
cette propriété-là (comme le trait /peine/).
Or c’est ici, en raison de cette modulation du sens, que le débat peut surgir. En effet, comme le rappelle
Benveniste, la communication est nécessairement intersubjective, et repose donc en partie sur le
destinataire et