exemple illustratif . Considérons
l’argumentation suivante tirée d’un discours parlementaire favorable à la peine de mort
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:
[1] La peine de mort doit être maintenue. [2] Elle seule peut prévenir avec une certitude absolue le risque de
récidive. [3] En effet, un meurtrier condamné à une lourde peine pour un crime particulièrement grave tue parfois
à nouveau à sa sortie de prison. [4] Je donnerai l’exemple de Norbert Garceau, qui abuse en 1952 d’une fillette,
l’étrangle et cache son cadavre. [5] Condamné à la réclusion à perpétuité, il est libéré en 1973, après vingt années
de détention. [6] Cinq ans plus tard, à cinquante-cinq ans, il a tué une femme après avoir abusé d’elle. [7] La
condamnation à mort de Garceau aurait évité ce drame. [8] On voit ainsi que la peine capitale est l’unique moyen
permettant d’éviter que des criminels ne fassent de nouvelles victimes lors de récidives. [9] Il est donc essentiel de
la conserver.
Ici, le locuteur commence par livrer sa thèse [1], puis il avance un argument qui fonde celle-ci, en des
termes très généraux [2], avant de le développer quelque peu [3]. Il illustre ensuite cet argument en
prenant l’exemple d’un individu concret représentatif de la catégorie des meurtriers ayant récidivé à leur
sortie de prison [4]-[5]-[6]-[7]. Pour boucler la boucle, le locuteur propose alors une reformulation de
l’argument que l’exemple vient de concrétiser, en des termes à nouveau très généraux [8]. La thèse est
finalement rappelée [9].
Prenons maintenant une autre argumentation, très proche de la première :
[1] La peine de mort doit être maintenue. [2] Vous souvenez-vous de Norbert Garceau ? [3] En 1952, il abuse d’une
fillette, l’étrangle et cache son cadavre. [4] Condamné à la réclusion perpétuelle, il est libéré en 1973, après vingt
années de détention. [5] Cinq ans plus tard, à cinquante-cinq ans, il a tué une femme après avoir abusé d’elle.
[6] Il aurait suffi que Garceau soit condamné à mort pour que ce drame n’ait pas lieu. [7] Cet exemple met en
lumière un fait essentiel : la peine capitale est l’unique moyen permettant d’éviter à coup sûr que des criminels ne
fassent de nouvelles victimes lors de récidives. [8] Il est donc essentiel de la conserver.
Après avoir livré sa thèse [1], le locuteur commence cette fois par considérer directement un cas concret
et spécifique [2]-[3]-[4]-[5]-[6]. Il dégage ensuite l’argument plus général que ce cas exemplifie et en
propose une formulation plus abstraite [7]. La thèse en faveur d’un maintien de la peine de mort est
finalement répétée [8]. A l’inverse de ce qui se passait dans la première argumentation, la position s’élabore
et se dévoile progressivement sur la base d’un cas particulier, lors d’une montée en généralité. On parle,
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L’extrait est inspiré d’une intervention prononcée par le député Marcel Bigeard le 17 septembre 1981 à l’Assemblée nationale
française lors du débat sur l’abolition de la peine de mort.
Chapitre 4. Rédiger les paragraphes du développement
Apports théoriques
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dans ce cas, d’un