2. Complexité et extension de l’univers de référence Un énoncé peut être simple – par sa syntaxe et par le thème qu’il aborde – tout en offrant une résistance
interprétative. Cette résistance est essentielle au processus d’apprentissage de la parole argumentée, d’une
part parce qu’elle rend nécessaire le débat d’idées, d’autre part parce qu’elle confronte l’élève à des points
de vue sensiblement éloignés de ceux qu’il peut déjà endosser, qui lui font prendre conscience de la
relativité de ses propres positions et croyances. La
complexité de l’énoncé de dissertation repose donc sur
cette
résistance interprétative , c’est-à-dire sur l’expression d’un
point de vue étranger ,
étrange ,
potentiellement
perturbateur – et qui malmène plus ou moins brutalement le
langage , révélant
l’étendue des
significations que l’on peut rattacher à tel ou tel mot.
Toutes les méthodes d’apprentissage de la dissertation soulignent le rôle central des
paradoxes dans la
mise au jour d’un problème qui peut conduire à discuter d’une opinion. Il faut préciser d’emblée que la
présence d’un paradoxe n’est pas une condition indispensable au déploiement d’une argumentation –
sinon tous les débats se résumeraient à une confrontation entre opinion commune et opinion en marge.
Toutefois, dans un processus d’apprentissage, la valeur d’un paradoxe tient dans sa capacité à attirer
l’attention d’une part sur
la pluralité des significations qui investissent chaque mot d’une langue
(ou presque) et qui sont
supports d’autant de points de vue sur un objet du monde , et d’autre part
sur le fait (troublant ?) que ces significations plurielles sont souvent
contradictoires (et que celles que
j’attache plus particulièrement à un mot doivent donc être tenues pour